Béjaïa, Qalaâ des Beni Abbès

Béjaïa, Qalaâ des Beni Abbès

Découverte d’un canon du XVIe siècle

Une pièce d’artillerie, datant probablement du XVIe siècle, a été découverte à la Qalaâ des Beni Abbès, à près de 120 km au sud de Béjaïa, par Aoudjit Mohand Salah, alors qu’il effectuait des travaux de terrassement près de son domicile.

Le site de cette découverte se trouve à une vingtaine de mètres de la mosquée Djamaâ Lekbir où se trouve la tombe du chef militaire de l’insurrection de 1871, El Hadj Mohamed El Mokrani dont on s’apprête à célébrer le souvenir le 5 mai prochain. La pièce d’artillerie, qui se trouve être assez rouillée, est un canon d’un mètre de longueur pour un diamètre non encore mesuré. Pour rappel, la Qalaâ Nath Abbès est un haut lieu de l’histoire nationale. Forteresse ziride puis hammadite pendant des siècles, elle marque sa présence dans l’histoire en 1510 lors de la prise de Béjaïa par les Espagnols, en devenant la nouvelle capitale hafside. De 1510 jusqu’à 1624, Qalaâ devient le siège d’un vaste royaume autonome qui résistera à l’occupation espagnole de Béjaïa et à l’hégémonie ottomane sur l’Algérie. Abdelaziz Amokrane, ancêtre éponyme des Mokrani, passe pour être le fondateur de la forteresse sur laquelle a été bâti ce royaume rival de celui de Koukou et de la régence d’Alger. Durant son règne, qui a duré de 1510 jusqu’à 1559, date à laquelle il perdra la vie dans une bataille contre les Turcs en 1559, Abdelaziz Amokrane est le premier chef à introduire les armes à feu, notamment les mousquetons et les canons, en Kabylie orientale. Après la défaite de 1871 et la chute de la dynastie des Mokrani, les Français, premiers étrangers à mettre le pied à Qalaâ, découvrent avec étonnement quatre grands canons dont l’un, au moins, a été coulé sur place puisqu’il comporte en caractères arabes la date de sa fabrication et le nom de l’armurier qui l’a forgé. Des centaines d’hommes seront mobilisés pour tracter ces canons hors de Qalaâ. Ils seront exposés au musée de Constantine pour un temps, avant de prendre le chemin du Louvre à Paris où ils s’y trouvent encore.

Djamel Alilat