Réinhumation hier des restes mortels du Cheikh El Haddad et de son fils Aziz à Seddouk (Béjaïa) : Dans un message lu en son nom par M.Habba El Okbi, Secrétaire général de la Présidence de la République

Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika,  a affirmé hier que Cheikh El-Haddad a choisi, malgré son âge avancé, de  mener le djihad et lancé une insurrection qui a gagné l’ensemble du pays.        
 "Grâce à sa forte personnalité, à la confiance et à l’aura qu’il a  acquises auprès du peuple, Cheikh El-Haddad a opposé à l’occupant une résistance  farouche sacrifiant sa vie et inscrivant une page glorieuse de l’Histoire de  l’Algérie", a écrit le Président Bouteflika dans son message à l’occasion de  la réinhumation des restes de Cheikh El-Haddad, lu en son nom par M. Habba  El Okbi, Secrétaire général de la Présidence de la République. 
"Dépité, l’occupant s’est acharné contre lui usant de la torture, l’incarcération,  l’exil et l’extermination de ceux qui ont pris part à ce soulèvement", a ajouté  le chef de l’Etat qui a appelé à se recueillier "à la mémoire d’un monument  qui a conquis les coeurs grâce à son éloquence et son courage, prêt au sacrifice  sans marchandage aucun sur ses convictions intrinsèques découlant du droit de  son peuple à la liberté et à la dignité". 
 Pour le Président Bouteflika, "la réinhumation aujourd’hui de ses  restes est une résurrection dans sa ville natale où il a grandi et s’est fait  connaître pour ses grandes qualités au moment où nous célébrons la fête de l’indépendance  qui a été l’aboutissement de luttes incessantes, d’une résistance forte et de  sacrifices colossaux".         
C’est également, a dit le Président Bouteflika, un rappel pour les générations  des actions glorieuses et des hauts faits de nos aînés".         
"Repose en paix Cheikh El-Haddad, et demeure noble et valeureux parmi  les enfants de la Nation tel que tu l’a désiré non comme l’ont voulu ceux dont  les cœurs sont remplis de rancune, aveuglés qu’ils étaient par la cupidité  et l’arrogance", a encore écrit le Président de la République. "La réinhumation aujourd’hui de tes restes, a poursuivi le Président  Bouteflika, dans ton pays libéré et ton Etat souverain est la preuve que ton  combat et tes sacrifices n’ont pas été vains. Dieu a pourvu le pays, après   toi, d’hommes qui ont porté l’étendard du djihad, mus par une foi profonde,  des hommes qui ont réalisé leur rêve, celui d’une victoire grandiose par la  grâce de Dieu". "Tu as tracé avec tes compagnons, la voie pour les générations qui t’ont  succédé, toi qui a dit j’ai planté le laurier sauvage à charge pour les générations  futures de l’arroser. C’est la semence du patriotisme et de l’autodéfense avec  toutes les composantes que cela suppose comme l’honneur, la dignité, la religion,  la langue et l’humanisme", a poursuivi le Président Bouteflika.
Evoquant toujours les qualités de l’homme, le président Bouteflika  a noté : "Te voilà aujourd’hui là où tu voulais être. La volonté des hommes  libres et loyaux est une étincelle de la lumière de Dieu qui t’a donné force  et sagesse", rappelant que Cheikh El-Haddad est décédé quelques jours seulement  après le verdict de cinq années d’emprisonnement prononcé à son encontre. 
"O toi, héros courageux, les enfants de Novembre te saluent et réalisent  ton voeu. Ils ont libéré la patrie, hissé haut le drapeau, édifié le pays et  se sont employés à le construire, accédant maintenant à ton souhait. A tes  côtés se trouvent tes enfants que tu ne voulais pas que des mains traîtres les  séparent, morts ou vivants. Ils sont rassemblés pour t’entourer telles des perles  montées sur un collier précieux ". 
Après avoir indiqué que Cheikh El-Haddad était le dirigeant fin et  avisé et le prisonnier révolté qui a défendu sa cause au tribunal et qui a été  condamné à l’exil aux confins du monde, le Président Bouteflika a précisé que  "ton pays te porte encore dans sa mémoire sachant que ta nostalgie pour ce  pays ne s’est jamais éteinte. Ton voyage périlleux était à tous points de vue  une véritable légende". 
Cheikh El-Haddad a été exilé en Nouvelle Calédonie où il prit part  à la révolution des autochtones pour fuir ensuite en Australie, en Egypte, vers  les lieux saints et enfin en France avec l’objectif de regagner le pays, a rappelé  le Président Bouteflika.  
Pour le Président de la République, la réinhumation des restes de  Cheikh El-Haddad est une marque de gratitude et de reconnaissance pour la grandeur  et la noblesse de l’homme et une étape de l’histoire "telle que la réalisent  les hommes et l’accomplissent les nations avec leurs larmes, leurs peines, leurs  efforts et leur grandeur".

Les restes mortels du Cheikh El-Haddad, artisan de  l’insurrection populaire de 1871, et de son fils Cheikh El Aziz dont les dépouilles  reposaient à Constantine, ont été réinhumés hier dans leur village natal  de Seddouk Oufella, à l’issue d’une cérémonie religieuse et d’un hommage poignant.   Des milliers de personnes ont assisté à cette cérémonie, rehaussée par  la présence du secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine,  M. Said Abadou, du représentant du Président de la République, le Secrétaire  général de la Présidence, M. Habba El Okbi, du président du Haut Conseil  Islamique, Cheikh Bouamrane, et du président de l’Association nationale des Zaouïas.  Enveloppés dans l’emblème national, les cercueils ont été transportés  par des détachements de la protection civile puis inhumés dans un mausolée,  construit en hommage à leur mémoire.  Un troisième cercueil, dédié au Cheikh M’Hamed, second fils de Cheikh  El-Haddad, également figure de proue du soulèvement populaire de 1871, dont  le corps n’a jamais été retrouvé, a été symboliquement dressé à l’occasion et  mis en caveau aux cotés des deux autres tombes.   Cette cérémonie a été célébrée en réponse au voeu du Cheikh El-haddad,  qui, avant sa mort, a légué une recommandation en sept voeux dont celui  de se voir enterré auprès des siens et de ses aïeux.              
Pour sa part, M. Said Abadou a estimé que le soulèvement de Cheikh  El-Haddad a pris, en raison de sa jonction avec le soulèvement d’El-Mokrani,  un mois plutôt, et de son impact sur les populations, "l’allure d’une révolution  globale".     Cheikh El-haddad est mort en 1873 à la prison du Coudiat à Constantine,  deux ans après le début de l’insurrection. En raison de son érudition et de  son action dans la Daawa, et son engagement armé, il reste pour beaucoup l’incarnation  des idéaux de liberté et de lumière de l’esprit.