Mme Simone Blanche Recurt
Déshéritée au nom de la religion
Depuis 12 ans qu’elle se démène pour ses droits légitimes, pour le bénéfice de ce qu’elle a contribué à édifier de ses propres mains, pour sa foi nouvelle que certains inquisiteurs lui refusent, Mme Simone Blanche Recurt épouse Bennacer commence à se faire à l’idée que le ciel lui est tombé sur la tête et qu’elle se bat contre des moulins à vent. Epouse Bennacer depuis qu’elle a convolé en justes noces avec Mohand Ameziane en 1951 en France, c’est bien naturellement qu’elle accompagne son mari lorsqu’il décida de rentrer définitivement au pays en 1968. Ils vendirent maison et bien acquis en communauté de biens en France et s’installèrent à Cap Matifou dans une maison dont ils firent l’acquisition.
Puis, l’appel du bled, de Tamurth devenant chaque jour plus fort, plus insistant, ils se délestèrent de leur demeure d’Alger pour rejoindre Seddouk Ufela où ils bâtirent une belle maison. Ils coulèrent des jours heureux, tranquilles, rythmés par les saisons et les fruits de la terre généreuse qu’ils surent apprivoiser. Ils se feront aussi beaucoup d’amis, surtout elle, tharoumith.
Cette félicité devait brusquement s’interrompre après la mort de l’époux, survenue en décembre 1992. Peu de temps après, l’un des fils du défunt, issu d’un premier mariage rompu en 1949 par un divorce en bonne et due forme, s’est dressé contre la veuve lui déniant tout droit à un quelconque héritage. Ce déni de justice fut, chose étonnante, confirmé par une juridiction qui désigna un notaire à l’effet d’examiner et de déterminer si la veuve pouvait en toute légitimité prétendre à une ou plusieurs parts d’héritage.
La sentence fut ubuesque : le notaire prononce un modèle d’iniquité, déshéritant celle qui, 41 années durant, a partagé les joies et les peines d’un homme, dont les rejetons se disputent les quelques biens que lui et son épouse ont acquis à la sueur de leur front.
Le motif invoqué, la nationalité française de la défenderesse est en soi un chef-d’œuvre d’injustice, d’intolérance, de xénophobie (n’ayons pas peur des mots et disons-le !), qui de surcroît ne s’appuie sur aucun texte de loi. Que restait-il de français chez Simone, après 37 ans de vie campagnarde au sein d’une communauté qui l’a bien vite adoptée ?
La justice étant parfois de ce monde, l’annulation de cette frédha a été prononcée par un tribunal et un autre notaire l’a rétablie dans ses droits en l’an 2000. Loin de désarmer, le fils Bennacer fait la nique à la décision de justice et bien que la maison soit sous le régime de l’indivision, il procède aux aménagements et transformations qui lui plaît de faire.
Mieux, il s’est rendu coupable de voies de fait sur la personne de celle qui demeure tout de même sa belle-mère. Sanction : 15 jours de prison. Ce qui semble ne l’avoir pas assagi. Non content de l’écarter de l’héritage, il fait des pieds et des mains pour l’expulser du territoire national ! Et à l’heure actuelle, Mme veuve Bennacer se retrouve sans domicile fixe, car n’eut été la générosité de son gendre, le mari de sa fille décédée en 2001, Simone aurait été réduite à quêter un toit. C’est dans un élan pathétique, usant d’un ton à fendre le plus dur des rocs, que Simone en désespoir de cause, s’est adressée au président de la République. Histoire, sans doute, de l’informer que dans son beau pays, il se trouve un vieille femme spoliée et dépossédée de tout ce qu’elle a patiemment, longuement, parfois douloureusement, construit sur cette terre qu’elle a aimé et qui en retour, l’a prise dans ses bras sous prétexte qu’elle est Française. Et qu’elle n’est, suprême hypocrisie, musulmane que depuis 1996. Comme si la foi est tributaire d’une attestation !
Dans ces conditions, quantifions la foi et faisons-nous établir quantités d’attestations pour établir une hiérarchie des mérites qui servirait de sésame pour l’Au-delà. Nous avons souvenance d’une pratique analogue instituée par l’Eglise au Moyen-âge. Nous avons bien dit au Moyen-âge !
Mustapha R.
In la dépêche de Kabylie du 25 juillet 2005