Les sources millénaires d’El Kantara mal exploitées

Amdoune n Seddouk:
Les sources millénaires d’El Kantara mal exploitées

Les notables de ces villages ont demandé il y a plus de 6 ans à la municipalité, le changement de l’ancienne conduite par une autre qui sera déviée loin des habitations, afin d’éviter d’autres fraudes.

Les sources d’El Manfouka et d’El Moumadha sont millénaires, leur eau minérale est d’une grande saveur et sort des entrailles de la montagne d’Achtoug au lieu dit El Kantara. Elle a été repérée par les colons français pendant la colonisation qui l’ont canalisé jusqu’à la ville de Seddouk. Les différentes assemblées populaires communales qui se sont succédé à la tête de la municipalité, n’ont pas jugé utile d’exploiter le maximum de ces ressources hydriques, ce qui fait qu’aujourd’hui elle suffit juste à alimenter en quantités suffisantes le village le plus proche, Seddouk Ouffella, au détriment des trois autres villages, parmi les quatre formant Amdoune n’Seddouk, lesquels ne recevant que des lests et pour lesquels le déficit est compensé par l’eau fade, tirée de l’oued Soummam à Takriets, pompée à plus de 600 m d’altitude, ce qui engendre constamment des pannes et des dépenses faramineuses à la municipalité. L’amenuisement du débit alimentant les trois villages serait dû selon certains, au piratage de la conduite principale par des branchements sauvages et non autorisés. Les notables de ces villages ont demandé il y a plus de 6 ans à la municipalité, le changement de l’ancienne conduite par une autre qui sera déviée loin des habitations, afin d’éviter d’autres fraudes. Ironie du sort, à ce jour, le changement de cette conduite en question n’est pas encore réalisé et les gens se demandent où se situe vraiment le blocage dudit projet. S’agissant des capacités hydriques de ces deux sources, une légende datant du temps de la colonisation laisse supposer que l’endroit regorge d’eau. En effet, un Français explorant la grotte féerique d’Achtoug située non loin des deux sources, a déclaré qu’il aurait entendu au fin fond de cette grotte un bruissement d’eau s’écoulant s’apparentant à au bruit d’un ruisseau sous terre. Cette affirmation a été confirmée récemment par un ingénieur en hydraulique venu inspecter les lieux sur demande d’un investisseur projetant l’implantation d’une usine de mise en bouteilles de l’eau minérale. Cet ingénieur a déclaré en substance qu’un forage de 100 m pourrait alimenter comme à l’ancien temps et avec des quantités suffisantes, les quatre villages d’Amdoune n’Seddouk. En attendant, les deux villages qui souffrent vraiment du manque d’eau, ont tenté tant bien que mal de solutionner le problème à leur dépens. Tibouamouchine a réalisé deux forages, qui lui ont coûté la somme faramineuse de deux millions de dinars. Ces deux forages, au bout de deux ans, ont vu leurs débits s’amenuiser comme peau de chagrin et ne donnent plus que d’infimes filets d’eau. Seddouk Ouadda, quant à lui, a réalisé un grand bassin rassemblant de grosses quantités d’eau qui peuvent lui suffire largement, mais manque de moyens pour achever le projet de la construction d’un château d’eau qui coûter a les yeux de la tête à la population, laquelle est déjà habituée à chaque fois, à mettre la main à la poche pour de grands projets similaires comme l’assainissement des eaux usées du village et l’alimentation des foyers en eau potable, financés par les caisses du village. Pour ce faire, les citoyens ne pouvant supporter l’eau fade de l’oued Soummam, auquel ils ne sont pas habitués sont soumis à des corvées en utilisant toues sortes de moyens de transport (voitures, mulets, brouettes ou location collective de tracteurs) pours’alimenter en cette eau du terroir qui leur est chère et qu’ils ramènent de la fontaine située juste en-dessous des deux sources, laquelle est alimentée de leur surplus.

L. Beddar

paru dans la depeche de Kabylie du 30/08/2007