Seddouk : 16 siècles d’Histoire

Seddouk : 16 siècles d’Histoire

En l’an 365 de notre ère, vivait un roi qu’on appelait ‘’Sedok’’.Son domaine englobait la quasi-totalité de l’actuelle daïra de Seddouk, c’est à dire : Beni Maouche, M’cisna, Seddouk Amalou et Bouhamza. On retrouva d’ailleurs récemment des vestiges témoignant de l’existence de se roi à trois endroits différents : M’cisna-Seddouk-Ouadda et M’Lakou (Laazib Rocher). Après un hiver rigoureux, toute la plaine de Seddouk fut dévastée par les eaux ce qui contraignit les rescapés à monter sur les hauteur. Les premiers miraculés de ce déluge, donnèrent le nom de Seddouk à leur village en respect au roi Sedok mort quelques années auparavant. Des années passèrent et les eaux se retirèrent. La moitié du village décida de descendre plus bas tandis que l’autre moitié resta sur place. Cela donna naissance à deux villages qu’on appela simplement Seddouk-Ouffella (haut) et Seddouk-Ouadda (bas). Ce pour l’historique du nom.
En 1830, les français occupent l’Algérie et commencent à installer progressivement des contingents de familles européennes qui étaientt en fait des colons venus travailler pour leur propre compte. Après étude de la région, il est apparu que les meilleures terres se trouvaient aux alentours immédiat de Tizi-Ouchène ex Tizi-El-Djemâa et actuel Seddouk-Centre. Ils y installèrent donc 23 familles d’Européens qui commencèrent à exploiter les fermes avoisinantes et les champs d’oliviers. Citons parmi eux les plus gros propriétaires : Tampet, Cooper, Maximer, etc.

 

Il y avait aussi 400 « indigènes » comme on appelait à l’époque les Algériens. Ceux-là faisaient surtout le commerce de la figue sèche qu’ils exportaient vers la France.

Le 8 avril 1871, Ckeikh Aheddad décide de concert avec El Mokrani d’une insurrection armée contre l’occupant. Ce fut, à compter de cette date que Tizi-Ouchène devint Tizi-El-Djemâa en référence à la réunion que tint Cheikh Aheddad dans l’actuelle Seddouk juste avant la grande bataille. D’où le nom de Tizi-Djemâa : Place de la réunion. Donc après cette formidable bataille du Cheikh, la France décida de donner officiellement naissance à un centre de colonisation (1878).

Pour les besoins de sa petite communauté, elle y fit construire une brigade de gendarmerie, un fortin qui abritait 3 salles de cours et un immeuble qui servait de bureaux pour la futur mairie et une église (1890).

La population de Tizi-El-Demâa s’élevait donc à 400 Algériens, 120 européens quant à celle qui englobait les villages avoisinants, elle était exactement de 5.527 habitants (1928). Ce fut encore pour les besoins de sa communauté que la France décida de créer un chef-lieu de commune à Tizi-El-Djemâa même. Ce chef-lieu vit le jour le 1er janvier 1929 et eut pour nom… Seddouk.

Cette commune était entourée des villages de Seddouk Ouffella, Seddouk Ouadda, Tibouamouchine, Ighil N’Djiber, Takaatz et Amahar que l’on détacha de commune d’Akbou.

Tout ceci se passa bien sûr après la circulaire du gouvernement français autorisant le préfet de Constantine à des modifications territoriales (8 mars 1887). C’était toujours sur la base de cette circulaire que l’on rattacha le Douar de M’Cisma à la commune de Seddouk dans le courant du mois d’Avril 1950.

Tout au long des sept années de la révolution, Seddouk jouera le rôle de catalyseur. Les forces Française y élirent leur quartier général avec bien sûr des postes avancés un peu partout (Takaatz – M’Cisna – vieille Ecole Seddouk Ouadda etc…). Tout était centralisé au niveau du chef-lieu de la commune.

Donc peu d’accrochages avec l’ALN à l’intérieur du périmètre de Seddouk Centre à l’opposé bien sûr des environs où la France subissait un harcèlement quasi-permanent.

A l’instar de toute Kabylie, Seddouk paya un lourd tribut à la révolution. Des hommes et des femmes de grande valeur tombèrent les armes à main. Qui, de notre génération n’a entendu parler des Seddik Nath-Ali, Cherdoud Mouloud ou encore Bounzou Zoubir ? Il en a eu beaucoup d’autres et la liste est, hélas, trop longue de ceux qui sont morts pour l’Algérie, pour nous, et à évoquer ces noms, nous éprouvons une sorte d’injustice car les survivants n’ont pas pu ou n’ont pas su continuer le combat de leurs compagnons d’hier.

Après l’euphorie de l’indépendance, les Seddoukois en grande majorité émigrèrent qui, vers la capitale qui vers la France à la recherche d’un travail étant entendu que, en ces temps-là, la Kabylie ne nourrissait pas son homme.

Vinrent ensuite les événements qui marquèrent douloureusement la région.

1963 : insurrection de M. Aît Ahmed contre le régime de Ben Bella avec sont lot de morts et de blessés.

1974 : Premiers signes d’un malaise entre le pouvoir dictateur et baathiste de feu Houari Boumediene et quelques activistes du futur grand mouvement Culturel Berbère. Cela donna naissance à une génération d’hommes exceptionnels qui allaient chambouler les idées préconçues du régime totalitaire. Ces hommes réfutaient carrément le fait d’une Algérie arabe et ils allaient défendre contre le grand appareil répressif de l’époque la vérité historique de notre pays : la berbérité de l’Algérie. Ils en payèrent le prix fort du fait que les gens à cette époque ne comprenaient pas très bien d’autant plus que les régimes qui se sont succédés à la tête de l’Etat algérien faisaient tout pour périmer férocement toute velléité de changement et déguisaient les actions.

Ô ! Combien courageuse de ces jeunes en actions de sabotage, de tachouiche et pour reprendre la célèbre phrase de l’un de nos dirigeants de l’époque en chahut de gamins.

Malgré donc tous ces aléas, la lutte clandestine continua et l’apothéose eut lieu dans les années 80 et 81, ou Seddouk l’espace de quelque jours, se transforma en une gigantesque caserne militaire avec on s’en souvient, la chasse aux berbéristes.

Les principaux acteurs furent arrêtes. M. Saïd Aït-Meddour, actuel président d’APC à majorité RCD, fut l’un des premiers à être interpellé. Le suivirent ensuite M. Tiar, Benyahia, Bencheikh, Boukkedami, Ouaret, etc.

Seddouk se réveillait chaque matin au bruit des bottes et des camions antiémeutes. Les arrestations se faisaient de jour comme de nuit, le pouvoir était entre les mains des militaires. Nous vivons en fait un mini état de siège.

Beaucoup plus tard, M. Aît Meddour nous confiera, que durant ces événements la kasma FLN se chargea de la surveillance de tous les gens suspects. Elle transmettait au fur et à mesure les noms des éventuels « agitateurs » aux militaires. Ces événements étaient la résultante d’une politique donc totalitaire qui ne voulait rien céder rien connaître. A Seddouk, nous n’avions pas le droit d’exprimer un souhait. Les jeunes était complètement marginalisés « On » décidait pour eux. « On » pensait à leur place. Sinon comment expliquer ce grand vide culturel dans Seddouk l’historique ? Comment pour apprendre que pour toute activité, les jeunes soient réduits à jouer aux dominos ? Et même ces dominos étaient interdis à une certaine époque pendant les heures de travail. Biensûr Seddouk a eu son centre culturel, son stade et des associations. Mais les moyens de rentabilisation de ces volets sont pratiquement inexistants.

Même chose et constat pour les autres secteurs. Le Président de l’APC dresse un bilan peu reluisant au 12 juin 1990 : Projets non lancés (Assainissements de villages, Ecoles primaires, Châteaux d’eau, parc roulant paralysé ‘quatre bus sur six immobilisés’, contentieux financiers avec Edimco, SNS, Sonatrach…, non implication de la population dans la gestion de la commune etc.

Ce furent ces problèmes que l’APC tenta de solutionner et à ce jour, M. Aït Meddour et son exécutif sont sur leur point d’y parvenir : les projets sont finalisés à quelque 80%, cinq des six bus sont remis en état ce qui assure le transport aux centaines de lycéens, contentieux financiers aplanis et surtout réunions fréquentes avec les notables et les villageois afin de les sensibiliser sur les moyens très limités de l’APC, une manière comme une autre, dira M. Souagui, membre de l’exécutif, de les faire participer à la gestion de leur commune. L’espoir donc à Seddouk semble renaître et c’est tant mieux pour cette région glorieuse de l’Algérie.

Pour terminer, je tiens à souligner que cette étude historique n’a pas la prétention d’être parfaite étant entendu que je me suis appuyé sur des témoignages vivants. Je remercie, au passage, l’association Azar de Seddouk-Ouadda ainsi que l’APC de Seddouk pour leur précieux concours.

M. Chicha