08 Avril 1871— 08 Avril 2008

  CHIKH   AHEDDADH  , l’insurrection de 1871
 
  Il y’a 137 années un samedi , Cheikh AHEDDAD  a fait entrer SEDDOUK et sa région dans l’histoire contemporaine de l’Algérie non sans avoir consulté les grands chefs de guerre de l’époque tels que : Si El Vachir Awaghliss, Si Mokrane Igawawen, Si Moh OUIDIR Afnay et certainement beaucoup d’autres. Toutes les tribus consultées avaient promis de rejoindre le vénérable Cheikh un certain jour de marché hebdomadaire à Seddouk coïncidant avec le 8 avril 1871 du calendrier grégorien. Seddouk qui en nos temps est ce chef lieu de daira, ville accrochée a l’ubac de la chaîne de montagne des Bibans surplombant la vallée de la Soummam et contemplant paisiblement le Djurdjura.
Succédant aux révolutions ou insurrections antérieures de 1864 et 1865 qui se produisirent en Kabylie avec un effet nul celle de 1871 aura au moins permis de mesurer sinon de se mesurer à l’ennemi et par la même de permettre une réelle démarcation entre les deux parties belligérantes. Il ( le soulèvement) a eu lieu , avec ou sans calculs stratégiques, au moment ou le conflit franco-allemand éclata et l’occasion malgré cela ne fut pas opportune ce qui dans certaines narrations avait fait que cette révolution aurait eu comme appellation : «  N’Faq N wahed Usa bain ».
  
   Qui est Chikh AHEDDAD?
 
Cheikh Mohand Ameziane ben Ali AHEDDAD est issu d’une famille dont on dit originaire  d’Ath-Mansour que beaucoup confondent car dans la région il y aurait deux Ath-Mansour. Les premiers se trouvent du coté de M’chedallah et les seconds sont situés en haut des Ath-Waghliss dans le massif de DJURDJURA en l’actuelle daïra de Sidi-Aich. Cette famille se serait déplacée à Tifra dans la même contrée avant d’enjamber l’oued Soummam pour rejoindre Amalou puis Seddouk et une branche de cette même famille a été encore plus loin pour s’installer en haut des IZNAGUEN dans un village appelé Thadarth Ihedadhen.
            Celle parti vers Seddouk donnera naissance au Grand Cheikh qui fut le chef incontesté et incontestable de l’ordre religieux des Rahmania dans la région. Le nom AHEDDAD donné à cette famille  se rapporterait au second métier qu’exerçaient les hommes de cette tribu qui principalement sont des imams sinon des forgerons .Cela a donné le nom de Cheikh Aheddad car même en officiant en imam ils n’ignorent rien du travail du fer.D’ailleurs la dernière forge des descendants du cheikh a suvecu jusqu’aux années 1980 dans un village enfoui dans la chaine de montagne des  Bibans, plus exactement à "AZROU N’SATOR" chez " Akham Ou Si Amer" ou feu Hadj Tayeb était un grand forgeron et son frère Chikh Lounis un imam de renommée dans cette région ce village se trouve dans la commune de Colla  dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj qui a eu a connaitre El-Mokrani, compagnon du Cheikh pour les hauts faits de résistance..
 
 
 Œuvre du vénérable Cheikh           
 
Le Cheikh qui devait avoir presque 80ans en 1871 était le représentant unique de la confrérie des Rahmania et était le maître incontesté de cet ordre religieux.
Ce titre lui proféra une aura inégalée dans la région et même hors de la contrée tant les populations autochtones de l’époque se cachaient derrière les érudits en matière de religion par piété ou par fuite a l’ennemi, le –roumi- venu d’ailleurs les spolier de leurs terres vivrières.
Cheikh AHEDDAD était père de deux enfants, l’un était Caïd à Amoucha du coté de Sétif et l’autre, un fidèle compagnon de BOUBAGHLA un autre héros de la lutte anti-coloniale dans la vallée de la Soummam et très connu surtout dans l’arch des Ath- M’likèch.
Avant d’atteindre cette sagesse et d’avoir capitalisé son savoir Mohand Ameziane a été choisi des son jeune âge par les habitants de son village -Seddouk-Oufella- pour être un imam et un enseignant sans pour autant qu’il en soit issu d’une famille aristocratique comme le voulait la tradition d’alors.
 
L’HISTOIRE DES DEUX CHEIKHS.
 
C’est dans le paradoxe  « autodidacte-academicien » que peut se situer cette petite histoire qu’ont eu a vivre les  deux Cheikhs : Cheikh AHEDDAD et Cheikh Mohand OULHOCINE.
Pour le premier, érudit et cartésien , fidèle à un dogme pour lequel il s’est voué en se donnant corps et ame , la tarika Rahmania, et pour qui l’aura sur une population ou une région donnée ne peut se concevoir sans une sagesse et une foi inébranlable et un savoir avéré. Quant au second libertaire, il ne s’en tenait qu’a la pensée et sa liberté, il refusait tout à fait les ordres pré établis. C’est ce qu’on appellerait de nos jours un nihiliste. Il a longtemps été lui aussi un adepte de la Rahmania en s’autoproclamant  chef de la région des IGAWAWEN (partie de l’actuelle wilaya de Tizi Ouzou) et n’a pas mis beaucoup de temps pour dévoiler ses intentions intimes qui sont celle de planer seul sur la région et de refuser la  « chefferie » de Cheikh Aheddad. .
Malgré l’insubordination caractérisée de Cheikh Mohand, Chikh Aheddad n’eut jamais pris des décisions de sanctions et la seule et unique confrontation a eu lieu dans la Kheloua de Cheikh Aheddad ou chacun a eu  assumer ses conditions . Il y eu de l’insolence avec des argumentations respectueuses.
Dans tout ce qui a été dit entre les deux Cheikhs, Cheikh Aheddad n’a pas prononcé l’excommunion à l’encontre de Chikh Mohand malgré la rupture consommée car les deux personnages ont eu des contacts par personnes interposées -envoyés spéciaux-.
Chikh Mohand a notamment tenté de dissuader Cheikh Aheddad pour surseoir au mouvement de révolte de 1871 mais en vain.
C’ est ainsi que Cheikh AHEDDAD aura laissé l’historique réplique  «  Erraï dhamchoum lamana ath nakhdham », ce qui voudrait dire a peu près ceci : l’avis est très mauvais mais nous devons le suivre.
Dans ce récit , il est a écarter l’idée de qui a raison et qui a tort .L’on ne peut parler de la situation d’alors en prenant les données d’aujourd’hui. Loin, même très loin l’idée de révisionnisme.
 
La fin de l’nsurrection et celle du Cheikh:   1873
 
Effectivement une fin tragique s’est produite en 1873. Il s’agit de celle de l’insurrection et de celle du Cheikh qui mourut le 19 avril 1873, soit quelques jours après sa lourde condamnation, malgré son age par un tribunal colonial de Constantine.Le Cheikh fut arrêté l’été 1871, le 13 du mois de juillet après un grand et long siège de toute la région de Seddouk. Après un soulèvement que le Cheikh aura provoqué et guidé ne serait-ce que spirituellement, la cour d’assises le condamnera à 5 années de prison. Devant ses juges bourreaux il eut ces mots :" la France m’a condamné à 5 ans de prison et mon Dieu ne laissera encore vivre que 5 jours". En effet il mourut durant le mois ou fut prononcée la sentence.
 La fameuse phrase prononcée par le valeureux et vénéré Cheikh restera a jamais dans l’histoire de la lutte, lorsqu’il dira en faisant tourner sa canne de vieux autour de sa tête «  nous jetterons comme ça les impies a la mer ».
Toute la région aura  après la défaite et la mort de Cheikh Aheddadh a subir les affres du colonialisme avec son lot de souffrances ,d e déportations, d’expropriations et autres supplices qui ont eu a déstabiliser jusqu’à l’ordre préétabli dans cette contrée.
Maitre spirituel des lieux, le cheikh a laissé derrière lui  tout un héritage qui au fil des ans risque de se perdre. Sa kheloua (lieu de méditation) qui se trouve dans sa zaouïa est un lieu de haut fait d’histoire en principe devrait être classé monument historique et culturel. A ce jours il n’y eut que quelques dépôts de gerbes de fleurs synthétiques  a chaque mois d’avril et sans plus.
Dernièrement il semblerait que les autorités de wilaya auraient été sensibilisées et consenti une enveloppe financière pour pouvoir entreprendre des taches de sauvegarde du site avant sa disparition et peut-être de restauration ensuite.
Pour ceux que l’histoire en général et celle de cet homme intéresse un site Internet pourra ,assez souvent, répondre a leurs curiosités et l’apport de tout un chacun ne serait que le bien venu au : www.seddouk-ouffella.com.
                                                                             
Lounis  BELAITOUCHE  . ( dit Lounis- Ou- Si- Amer).