Depuis cinq jours, le village de Seddouk- Oufella dans la commune de Seddouk, à 100 kilomètres de Béjaïa, connaît une effervescence des plus extraordinaires avec l’afflux
de milliers de personnes venues de partout.
Une fête grandiose a été organisée à la mesure de l’événement, car il s’agit du retour de deux enfants prodiges de la région, en exil forcé comme l’a décidé l’autorité coloniale, depuis 136 ans. Il convient de noter aussi qu’il n’est un secret pour personne que cheikh Mohand Améziane, le chef spirituel de la tariqa Rahmania, avant sa mort, a émis le vœu d’être enterré auprès des siens dans son village, ce que les Français lui ont refusé en l’enterrant au cimetière de Constantine. Il en a été de même pour son fils Aziz enterré à ses côtés. «Nous avons pris le départ mercredi tôt le matin et nous sommes arrivés à Constantine à 9 heures. Les autorités de la wilaya qui nous attendaient nous ont accompagnés jusqu’au cimetière où nous avons entamé les travaux d’exhumation.
Fait remarquable, à 2 mètres de profondeur, nous étions gagnés par une angoisse, craignant que nous soyons sur une fausse piste tant que rien ne nous indiquait que c’était le bon endroit. Mais nous avons continué les travaux de fouille et ce n’est qu’en atteignant les 2,60 m qu’apparut le cercueil intact de cheikh Aizir, que nous avons déterré. Puis ce fut au tour de Mohand Ameziane, son père, dont les ossements gisaient juste à côté», nous a indiqué Boualem Belhaddad, arrière-petit-fils du cheikh et membre de la délégation.
Cette dernière, ayant pris le chemin du retour jeudi, a été attendue par des milliers de personnes à Takriets, où un immense cortège s’est formé, prenant la direction du village de Seddouk-Oufella.
Arrivés à ce village vers 11 heures, les cercueils des trois héros du soulèvement populaire d’avril 1871 ont été dirigés vers leur maison, entourés de milliers de personnes repétant des chants religieux et révolutionnaires.
Ils étaient exposés au public recouverts de l’emblème national et chacun avec son
portrait-robot, et ce durant 24 heures. Ce n’est que le lendemain, vendredi vers 15 heures, et après la prière du Dohr, que les trois cercueils ont été transférés au majestueux mausolée accompagnés par une grande foule et des officiels : Saïd Abadou, Abdelhafid Amokrane et un représentant de la présidence de la République chargé de la lecture du message adressé par le président de la République. C’est ainsi que les trois valeureux guerriers ont rejoint leur dernière demeure dans leur village natal, devenu désormais un haut lieu de pèlerinage.
La fête a continué jusqu’à hier, 5 juillet, date de clôture d’un grand événement sans précédent pour le village Seddouk- Oufella à Amdoune-Seddouk.
Le comité d’organisation a mis en place des jeunes surveillants vigilants que les forces de l’ordre ont aidés. Il convient de noter que la fête s’est déroulée dans une ambiance bon enfant.
De notre bureau, Larbi Beddar