Ensemble culturel Cheikh Aheddad

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Une grande affluence touristique

 Depuis la ré-inhumation du Cheikh Bel Haddad et son fils Aziz dans leur village natal le 03 juillet écoulé et tout ce que l’événement a suscité en ferveur et intérêt de la part des hautes autorités du pays, de la population et surtout de la part des médias qui ont fait une couverture médiatique sans précédent pour l’évènement qui a placé toute la région sous le projecteur pour un laps considérable de temps, le village de Seddouk Oufella n’a cessé de drainer des foules de plus en plus importantes de visiteurs.

 

Des visiteurs venant de tous les coins du pays, des associations, des élèves venant dans le cadre de sorties pédagogiques, des familles venant de différentes wilayas du pays, mais aussi des familles d’immigrés se trouvant en visite dans le pays. Le village à présent suscite l’intérêt même des sociologues, d’anthropologues et de chercheurs venant de l’intérieur du pays et même de l’étranger. Poussés par l’envie de se recueillir auprès de la tombe du Cheikh mais aussi par la curiosité de découvrir l’ensemble culturel, le projet cher au président de la République qui a recommandé lui-même la réinhumation des héros et la réalisation du projet dont le grand mausolée qui abrite les tombes du Cheikh et ses deux fils Aziz et M’Hend, d’une architecture exceptionnelle melangeant le moderne et l’original et doté d’une géante manara de plus de 40 mètres de hauteur qui permet de voir non seulement la région de Seddouk mais toute la vallée de la Soummam à travers ses grandes vitres. Le mausolée est une vraie œuvre d’art. A l’intérieur on y trouve exposés même des objets utilisé par le Cheikh et certaines de ses œuvres dont un dictionnaire bilingue arabe/kabyle et des livres traitant surtout de la religion et le sophisme. Dans le prologue de l’un des livres exposés, le Cheikh dénonce certains dérapages et détournements des vraies valeurs de la religion. L’exposition de ces œuvres et la réalisation de ce projet en général se veut avant tout une réhabilitation pour la personne de Cheikh Bel Haddad mais aussi une initiative de corriger l’image de ce héros qui est longtemps associé au charlatanisme et aux légendes imaginaires tissées par ignorance par la pensée populaire pendant la période coloniale et encouragée à se propager par l’administration coloniale. D’ailleurs “une série qui a passé récemment sur une des chaînes de la télévision nationale n’a pas manqué de stéréotype et de falsifier l’image du Cheikh en le présentant comme un vieux charlatan qui croit à la médiation des aïeux et des saints dans ses prières pour Dieu or, Cheikh Bel Haddad a toujours combattu ces fausse croyances, car avant d’être un guide spirituel pour l’insurrection de 1871, il était un homme de foi et un savant qui s’est bien approfondie dans la religion et qui a su la défendre devant la montée du christianisme en puissance par le biais des pères blancs”, dira M. Bettache, le responsable de l’ensemble culturel. Sa zaouia dite Lokri a joué une grand rôle dans ce sens, elle était un lieu de savoir d’ailleurs elle a formé de grands savants comme Cheikh El Kadhi, Cheikh Boudjlil, Cheikh El Mouhoub. Et beaucoup d’autres. En plus de son rôle social et culturel notamment lors de la famine de 1866 à 1868 où elle a donné nourriture et soins à la population. Pour rappel, c’est au Souk de M’Cisna à Seddouk actuellement que le Cheikh a appelé au Djihad, sa fameuse phrase prononcée dans son allocution “la décision est délicate mais nous devons la prendre” montre clairement qu’il était complètement conscient de l’ampleur des conséquences, d’ailleurs, son objectif était de creuser une fosse entre la population et le colonialiste. Et n’a compté aucunement sur les saints et les esprits pour l’aider. D’ailleurs, un fond documentaire authentique et important est disponible au niveau du mausolée pour les visiteurs qui veulent se renseigner et s’informer un peu plus sur la personne du Cheikh. En outre, l’ensemble culturel Cheikh Bel Haddad contient aussi Akham n’Elkhouan ou la maison des adeptes qui est soigneusement restaurée pour garder son architecture islamique et sa spécificité locale. En plus de l’ancienne mosquée, d’anciennes maisons de la famille du Cheikh, Takhlouit où il s’isole pour lire le Coran et méditer Dieu, Thaâouint ou la source où il fait ses ablutions en plus d’autres anciennes sources d’eau potables. Tous ces monuments sont reliés entre eux avec des pistes et des ruelles bien entretenues pour créer un ensemble touristique digne d’être visité. Sur les bords de la route menant au mausolée des jeunes proposent des photos, des photos et des films documentaires en CD et DVD à des prix abordables, traitant la vie de Cheikh Bel Haddad, l’histoire de la région mais ils parlent surtout de l’insurrection du 8 Avril 1871. Faut-il le signaler le village de Seddouk Oufella est implanté sur le mont de la montagne d’Achtoug qui domine toute la région, connue par ses nombreuses sources d’eaux potables d’où la verdure de ces champs et jardins même pendant la saison des chaleurs. Les anciennes maisons côtoient harmonieusement les nouvelles pour créer un tableau magnifique typique d’un village kabyle dont les racines s’enfoncent au plus profond de la terre tout en fixant le regard sur l’avenir. Toutefois, ce n’est sûrement pas la beauté de ses paysages ni la douceur de son climat à eux seuls qui sont à l’origine de l’affluence de toutes ces foules de visiteurs pourtant avides de beauté naturelle et d’authenticité.
M.C. Aït Meziane