c’est apprendre ou à léser

Quelle est donc la cause du naufrage de notre école qui a réussi… à échouer ? Est-ce la faute au manuel scolaire qui, chaque année, est livré aux élèves en retard et toujours en nombre insuffisant sans compter la quantité d’erreurs contenue dans le contenu ? Est-ce la faute à la surcharge (électrique ?) des classes qui fait que le courant ne passe pas entre maîtres et élèves ? Est-ce la faute aux horaires, pour ne pas dire horreurs, et aux programmes, pour ne pas dire prodrames, qui font perdre aux professeurs leur temps et leur ton ? Est-ce la faute à la démission des parents occupés à remplir des missions au marché, et ne fréquentent donc l’école qu’une fois… par an ? Est-ce la faute à la formation inachevée des formateurs… qu’on a fini par achever à coups de « circule air » ? Est-ce la faute à l’insuffisance ou à l’absence du matériel didactique qui a amené l’enfant à tâtonner au lieu de tâter, à regarder au lieu de voir, à entendre au lieu d’écouter ? Oui, il y a un peu de tout cela. Mais peut-être est-ce aussi la faute à notre totale méconnaissance de l’utilisation du tamis : au lieu de l’employer pour séparer la bonne graine de l’ivraie, nous nous sommes évertués à cacher le soleil avec ? Et dans ces conditions, bien sûr, l’insolation « scolaire » était inévitable !

Khaled Lemnouer

Ouvertures hermétiques

         

L’enseignement public est privé de tout. L’enseignement privé n’est pas rendu public. C’est là un secret de Polichinelle, mais personne ne songe à faire une analyse… logique pour démontrer que l’on peut enseigner l’histoire sans histoires, les mathématiques sans problèmes, l’écrit sans les cris, le dessin sans desseins…
Pour le moment, donc, on ne peut pas dire que l’école, c’est la classe !

La santé est malade, la maladie est en bonne santé. C’est là aussi un secret de Polichinelle, mais personne ne songe à faire des analyses patho… logiques pour établir le diagnostic afin d’administrer à cet organisme le remède approprié. Oui, c’est cela même ! La clef se trouve sûrement dans… l’administration des cachets.

L’agriculture nage dans la boue, dans la rage. Si bien que les mots labourage et pâturage sont en train de disparaître du vocabulaire agricole. D’ailleurs, même les «meuh !» commencent à ne plus se faire entendre dans nos campagnes. C’est là encore un secret de Polichinelle, mais personne ne songe à faire des analyses agro… logiques pour permettre d’assurer l’autosuffisance alimentaire et élémentaire du pays. Ainsi, avec la production des fruits et légumes, l’élevage des ovins et bovins, tous les citoyens pourront alors fréquenter les bouchers et les hommes de culture.

Or, nous pouvons continuer ainsi à passer en revue tous les secteurs socioéconomiques sans jamais trouver matière à satisfaction. Secret de Polichinelle là aussi ? Oui.

Et pendant que chez nous, nous parlons de secret et de sacré, ailleurs ça crée tout et tout se crée…

Khaled Lemnouer                                                                            

 

                 

La bouse, la vache et le… tort Haut

Dans tous les pays développés, la vie est conditionnée par l’utilisation optimale du temps, l’exploitation rationnelle de l’espace et la lutte permanente contre le gaspillage. Ces trois notions sont parfaitement ignorées chez nous. Le temps et l’espace ne sont pas mesurés : on laisse trop d’espace entre les temps et on met trop de temps pour utiliser l’espace.
Quant au gaspillage, il est tout simplement démesuré !
Pourtant, on peut faire de très bonnes recettes avec du pain rassis ; on peut réaliser de grandes économies en recyclant les milliers de tonnes de copies d’élèves qui dorment (les copies, pas les élèves, quoique…) dans les établissements scolaires ; on peut gagner un tas de devises en faisant la collecte des ustensiles usagés en matière plastique, ou autre matériau, pour alimenter les différentes fabriques…
Oui, on peut, on peut, mais seulement…en vœux ! C’est Lavoisier, je crois, qui disait : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.» Nos grands-parents l’avaient déjà bien compris, eux, qui avaient trouvé à la bouse de vache un grand nombre de propriétés. Ce fut ainsi que cette bouse, c’est-à-dire un déchet, servait entre autres à tapisser les aires de battage, à crépir les murs des logis en remplissant un rôle d’isolant, à apporter le fumier nécessaire aux plantes, à aider à la bonne combustion dans l’âtre, à constituer un excellent cataplasme pour guérir certaines plaies, à construire des récipients divers, etc. Pour toutes ces raisons, cette bouse de vache était une matière si précieuse que les bergers se la disputaient !
Or, si nos grands-parents attachaient une grande importance à cet excrément de bovin, aujourd’hui, on ne se préoccupe même pas de l’animal duquel il est éjecté!
Grâce à la bouse de vache et au travail, nos aïeux étaient propres et coulaient des jours heureux. Aujourd’hui, tandis que la saleté règne partout, (surtout au bord de la mer de…), le travail est devenu un fait néant à cause des fainéants.
On adore arborer notre suffisance dans l’auto, alors qu’on n’arrive même pas à assurer notre autosuffisance ! Du temps de nos grands-parents, celui qui ne fournissait aucun effort pour le bien de la collectivité, n’avait non seulement pas droit à la «bouse-tifaille», mais tout le monde était d’accord pour lui flanquer «dé-bouse».
« Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », soutenait Lavoisier ?
 Hé bien, la voix sciée, nous affirmons à notre tour que, chez nous, « rien ne se crée, tout se perd et… tous se transforment ! »
 
 
 

BEAUTÉ BOTTÉE

 Où sont passées nos fleurs ?

Où sont passées ces belles plantes odorantes ?

Où sont passés les roses, les tulipes, les immortelles, les volubilis, les violettes, les camélias, les chrysanthèmes, les pensées ?

Où sont passés ces myriades de senteurs, ces effluves capiteux, ces exhalaisons aromatiques ?

Où est passée cette beauté florale qui embellissait les cités, qui caractérisait les quartiers, qui personnalisait les demeures ?

Hélas ! Toutes ces belles plantes ont été réduites en pièces de… maux nés !

En effet, de la tulipe et de l’immortelle, il ne reste plus que « tue » et « mort » ;

Du volubilis et de la violette, il ne reste plus que « vol » et « viol » ; Du camélia, il ne reste plus que « came » ;

Du chrysanthème, il ne reste plus que « crise »

Quant aux « pensées », complètement éradiquées, elles ont à jamais disparu de notre pays.

Oui, on peut le dire, la vie n’est pas rose. C’est vraiment le bouquet !

Khaled Lemnouer

 

ENTRE FAIRE SAVOIR ET SAVOIR-FAIRE

   Dans les pays sous-développés, ce qui caractérise les responsables c’est la  satisfaction ostentatoire affichée quand ils présentent leurs bilans d’activités  aux citoyens : Aucune lacune n’est mentionnée, aucune insuffisance n’est  reconnue. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes !    Or, le citoyen, ne se nourrissant pas de chiffres, est loin d’être aussi satisfait  que le responsable en question parce que c’est lui qui est confronté dans  la vie de tous les jours aux mille et une épreuves imméritées.    Faut-il donc penser que le dirigeant a menti en exposant son bilan   ? Non, loin s’en faut ! Les chiffres avancés sont exacts. Il a simplement omis de dire  aux contribuables trois choses :    1- Combien a-t-il dépensé pour réaliser le programme en question. 2- Combien de temps a-t-il mis pour achever cette œuvre.
 3- Et surtout, combien de projets n’a-t-il pas réalisés et pour lesquels l’état l’avait chargé de mener à bien.     Impéritie dites-vous ? En effet, ce qui caractérise les pays sous-développés, c’est la  présence de cette grossière et mortelle impéritie dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Sinon, comment expliquer que depuis belle lurette, la logique, le bon  sens, la rationalité  sont remisés aux vestiaires ?    Ceci  expliquant cela, il faut reconnaître que l’échelle des valeurs dans les pays sous-développés réside seulement dans la différence entre les bons médiocres et  les mauvais médiocres.   C’est  ainsi qu’on peut y trouver des mauvais mais bons ; des  mauvais mauvais ; des bons mais mauvais ; des bons bons… Mais  dans tous les cas de figure, même avec les bons bons, la dragée est  toujours  amère et difficile à avaler !   

 Khaled Lemnouer

Ô ! Pays bien né mais… !

IX siècle avant J.C. : domination carthaginoise sur la côte algérienne
202 avant J.C. : début de l’intervention romaine
429 après J.C : les vandales dévastent le pays
533 : domination byzantine
666 : début de la conquête arabe
1518 : occupation turque
Juillet 1830 : début de la colonisation française
1945 : Soulèvement du 8 Mai
1954 : guerre de libération nationale déclenchée le 1er Novembre
19 Mars 1962 : les accords d’Évian mettent fin aux combats
1er juillet 1962 : référendum qui permet à l’Algérie de choisir l’indépendance
5 Juillet 1962 : PROCLAMATION DEFINITIVE DE L’ALGERIE
 
 5 Juillet 1962 
 
L’Algérie libre chantait, dansait, riait, pleurait de joie. « TAHIA EL DJAZAIR ! » En chœur, les Algériennes et les Algériens lançaient à pleins poumons ce cri victorieux qui annonçait enfin la paix avec son grand cortège de justice, de liberté d’expression, de sécurité, de bien-être et d’avenir assuré à tous les enfants d’Algérie.
 
5 Juillet 1962 
 
L’Algérie libre n’en revenait pas encore ! « TAHIA EL DJAZAIR ! » Finies les brimades ! Finies les tortures ! Finies les blessures et les deuils ! Oui, « TAHIA EL DJAZAIR ! » « VIVE L’ALGÉRIE ! » Le soleil brille, l’horizon s’éclaire, et l’enfant naît en poussant le cri de la délivrance…
 
5 Juillet 1962 
 
L’Algérie exsangue a réussi à briser les chaînes qui l’entravaient. « GLOIRE A NOS MARTYRS ! », « TAHIA EL DJAZAIR ! ». Tout le pays résonnait de ces acclamations chargées d’histoire, emplies d’espoir, pleines de promesses, pleines de promesses, pleines de promesses…
 
5 Juillet 2008 
 
Tous les rêves se sont estompés, tous les espoirs sont devenus peau de chagrin. Toute la joie est devenue chagrin. .. « Par le peuple et pour le peuple », « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut », « Pour une vie meilleure », « Travail et rigueur pour garantir l’avenir »… Des mots, des maux…
 
Quelle est loin cette clameur triomphante d’où fusait, sortie de millions de poitrines, et scandé comme par un seul être cette vibrante expression d’amour pour la Patrie : « TAHIA EL DJAZAIR ! »  
 
Pourtant l’Algérien est peut-être le seul parmi les habitants de la planète qui interpelle son compatriote par les formules fraternelles : « Agma », « Yakhoua », « Mon frère ».
 
À qui la faute ? Pourquoi ? Aujourd’hui les adultes dépensent sans se dépenser, la jeunesse bouge sans avancer, les enfants poussent sans grandir…
 
Pourquoi ? À qui la faute ? À qui ? À qui ? À l’évidence, il y a tellement de « À qui ? » Au fait où sont passés les acquis de la Révolution ? Démocratie, justice sociale et tutti quanti ?
 
Bonne fête quand-même ! « GLOIRE À NOS MARTYRS ! », « TAHIA EL DJAZAIR ! »  « VIVE L’ALGÉRIE ! »
 
Khaled Lemnouer khaledlemnouer@yahoo.fr