UN DESTIN… GRÊLE

Par la faute de certaines têtes (pas sages, avides) qui pensent qu’il vaut mieux une dette bien faite qu’une tête bien pleine, le père de famille est réduit aujourd’hui à barboter dans les… os.
 Ses soucis sont liés à ses six sous et aux dépenses considérables et courantes auxquelles il doit faire face quotidiennement, chaque jour, sept sur sept, trente jours par mois !
 Le pauvre homme pauvre se demande s’il existe une recette pour affronter ces dépenses quand on a pour seule ressource un petit salaire et pour grand problème des panses.
 Dépenser sans acheter, payer sans acquérir, débourser sans obtenir, donner sans recevoir, voilà ce qui fait le lot quotidien de l’Algérien moyen contemporain sans moyens et comptant pour rien !
 Il supporte très mal cette frustration de quelqu’un qui est dans le pétrin sans pouvoir assurer son pain.
 Pourtant, malgré toutes ces vicissitudes, il continue à lutter avec une grande énergie et une admirable vaillance !

Mais où puise-t-il donc tant de courage ?
On raconte que c’est dans sa ceinture qu’il trouve beaucoup de… crans.
 
Khaled Lemnouer

c’est apprendre ou à léser

Quelle est donc la cause du naufrage de notre école qui a réussi… à échouer ? Est-ce la faute au manuel scolaire qui, chaque année, est livré aux élèves en retard et toujours en nombre insuffisant sans compter la quantité d’erreurs contenue dans le contenu ? Est-ce la faute à la surcharge (électrique ?) des classes qui fait que le courant ne passe pas entre maîtres et élèves ? Est-ce la faute aux horaires, pour ne pas dire horreurs, et aux programmes, pour ne pas dire prodrames, qui font perdre aux professeurs leur temps et leur ton ? Est-ce la faute à la démission des parents occupés à remplir des missions au marché, et ne fréquentent donc l’école qu’une fois… par an ? Est-ce la faute à la formation inachevée des formateurs… qu’on a fini par achever à coups de « circule air » ? Est-ce la faute à l’insuffisance ou à l’absence du matériel didactique qui a amené l’enfant à tâtonner au lieu de tâter, à regarder au lieu de voir, à entendre au lieu d’écouter ? Oui, il y a un peu de tout cela. Mais peut-être est-ce aussi la faute à notre totale méconnaissance de l’utilisation du tamis : au lieu de l’employer pour séparer la bonne graine de l’ivraie, nous nous sommes évertués à cacher le soleil avec ? Et dans ces conditions, bien sûr, l’insolation « scolaire » était inévitable !

Khaled Lemnouer

Ouvertures hermétiques

         

L’enseignement public est privé de tout. L’enseignement privé n’est pas rendu public. C’est là un secret de Polichinelle, mais personne ne songe à faire une analyse… logique pour démontrer que l’on peut enseigner l’histoire sans histoires, les mathématiques sans problèmes, l’écrit sans les cris, le dessin sans desseins…
Pour le moment, donc, on ne peut pas dire que l’école, c’est la classe !

La santé est malade, la maladie est en bonne santé. C’est là aussi un secret de Polichinelle, mais personne ne songe à faire des analyses patho… logiques pour établir le diagnostic afin d’administrer à cet organisme le remède approprié. Oui, c’est cela même ! La clef se trouve sûrement dans… l’administration des cachets.

L’agriculture nage dans la boue, dans la rage. Si bien que les mots labourage et pâturage sont en train de disparaître du vocabulaire agricole. D’ailleurs, même les «meuh !» commencent à ne plus se faire entendre dans nos campagnes. C’est là encore un secret de Polichinelle, mais personne ne songe à faire des analyses agro… logiques pour permettre d’assurer l’autosuffisance alimentaire et élémentaire du pays. Ainsi, avec la production des fruits et légumes, l’élevage des ovins et bovins, tous les citoyens pourront alors fréquenter les bouchers et les hommes de culture.

Or, nous pouvons continuer ainsi à passer en revue tous les secteurs socioéconomiques sans jamais trouver matière à satisfaction. Secret de Polichinelle là aussi ? Oui.

Et pendant que chez nous, nous parlons de secret et de sacré, ailleurs ça crée tout et tout se crée…

Khaled Lemnouer                                                                            

 

                 

La bouse, la vache et le… tort Haut

Dans tous les pays développés, la vie est conditionnée par l’utilisation optimale du temps, l’exploitation rationnelle de l’espace et la lutte permanente contre le gaspillage. Ces trois notions sont parfaitement ignorées chez nous. Le temps et l’espace ne sont pas mesurés : on laisse trop d’espace entre les temps et on met trop de temps pour utiliser l’espace.
Quant au gaspillage, il est tout simplement démesuré !
Pourtant, on peut faire de très bonnes recettes avec du pain rassis ; on peut réaliser de grandes économies en recyclant les milliers de tonnes de copies d’élèves qui dorment (les copies, pas les élèves, quoique…) dans les établissements scolaires ; on peut gagner un tas de devises en faisant la collecte des ustensiles usagés en matière plastique, ou autre matériau, pour alimenter les différentes fabriques…
Oui, on peut, on peut, mais seulement…en vœux ! C’est Lavoisier, je crois, qui disait : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.» Nos grands-parents l’avaient déjà bien compris, eux, qui avaient trouvé à la bouse de vache un grand nombre de propriétés. Ce fut ainsi que cette bouse, c’est-à-dire un déchet, servait entre autres à tapisser les aires de battage, à crépir les murs des logis en remplissant un rôle d’isolant, à apporter le fumier nécessaire aux plantes, à aider à la bonne combustion dans l’âtre, à constituer un excellent cataplasme pour guérir certaines plaies, à construire des récipients divers, etc. Pour toutes ces raisons, cette bouse de vache était une matière si précieuse que les bergers se la disputaient !
Or, si nos grands-parents attachaient une grande importance à cet excrément de bovin, aujourd’hui, on ne se préoccupe même pas de l’animal duquel il est éjecté!
Grâce à la bouse de vache et au travail, nos aïeux étaient propres et coulaient des jours heureux. Aujourd’hui, tandis que la saleté règne partout, (surtout au bord de la mer de…), le travail est devenu un fait néant à cause des fainéants.
On adore arborer notre suffisance dans l’auto, alors qu’on n’arrive même pas à assurer notre autosuffisance ! Du temps de nos grands-parents, celui qui ne fournissait aucun effort pour le bien de la collectivité, n’avait non seulement pas droit à la «bouse-tifaille», mais tout le monde était d’accord pour lui flanquer «dé-bouse».
« Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », soutenait Lavoisier ?
 Hé bien, la voix sciée, nous affirmons à notre tour que, chez nous, « rien ne se crée, tout se perd et… tous se transforment ! »
 
 
 

BEAUTÉ BOTTÉE

 Où sont passées nos fleurs ?

Où sont passées ces belles plantes odorantes ?

Où sont passés les roses, les tulipes, les immortelles, les volubilis, les violettes, les camélias, les chrysanthèmes, les pensées ?

Où sont passés ces myriades de senteurs, ces effluves capiteux, ces exhalaisons aromatiques ?

Où est passée cette beauté florale qui embellissait les cités, qui caractérisait les quartiers, qui personnalisait les demeures ?

Hélas ! Toutes ces belles plantes ont été réduites en pièces de… maux nés !

En effet, de la tulipe et de l’immortelle, il ne reste plus que « tue » et « mort » ;

Du volubilis et de la violette, il ne reste plus que « vol » et « viol » ; Du camélia, il ne reste plus que « came » ;

Du chrysanthème, il ne reste plus que « crise »

Quant aux « pensées », complètement éradiquées, elles ont à jamais disparu de notre pays.

Oui, on peut le dire, la vie n’est pas rose. C’est vraiment le bouquet !

Khaled Lemnouer

 

ENTRE FAIRE SAVOIR ET SAVOIR-FAIRE

   Dans les pays sous-développés, ce qui caractérise les responsables c’est la  satisfaction ostentatoire affichée quand ils présentent leurs bilans d’activités  aux citoyens : Aucune lacune n’est mentionnée, aucune insuffisance n’est  reconnue. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes !    Or, le citoyen, ne se nourrissant pas de chiffres, est loin d’être aussi satisfait  que le responsable en question parce que c’est lui qui est confronté dans  la vie de tous les jours aux mille et une épreuves imméritées.    Faut-il donc penser que le dirigeant a menti en exposant son bilan   ? Non, loin s’en faut ! Les chiffres avancés sont exacts. Il a simplement omis de dire  aux contribuables trois choses :    1- Combien a-t-il dépensé pour réaliser le programme en question. 2- Combien de temps a-t-il mis pour achever cette œuvre.
 3- Et surtout, combien de projets n’a-t-il pas réalisés et pour lesquels l’état l’avait chargé de mener à bien.     Impéritie dites-vous ? En effet, ce qui caractérise les pays sous-développés, c’est la  présence de cette grossière et mortelle impéritie dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Sinon, comment expliquer que depuis belle lurette, la logique, le bon  sens, la rationalité  sont remisés aux vestiaires ?    Ceci  expliquant cela, il faut reconnaître que l’échelle des valeurs dans les pays sous-développés réside seulement dans la différence entre les bons médiocres et  les mauvais médiocres.   C’est  ainsi qu’on peut y trouver des mauvais mais bons ; des  mauvais mauvais ; des bons mais mauvais ; des bons bons… Mais  dans tous les cas de figure, même avec les bons bons, la dragée est  toujours  amère et difficile à avaler !   

 Khaled Lemnouer

Ô ! Pays bien né mais… !

IX siècle avant J.C. : domination carthaginoise sur la côte algérienne
202 avant J.C. : début de l’intervention romaine
429 après J.C : les vandales dévastent le pays
533 : domination byzantine
666 : début de la conquête arabe
1518 : occupation turque
Juillet 1830 : début de la colonisation française
1945 : Soulèvement du 8 Mai
1954 : guerre de libération nationale déclenchée le 1er Novembre
19 Mars 1962 : les accords d’Évian mettent fin aux combats
1er juillet 1962 : référendum qui permet à l’Algérie de choisir l’indépendance
5 Juillet 1962 : PROCLAMATION DEFINITIVE DE L’ALGERIE
 
 5 Juillet 1962 
 
L’Algérie libre chantait, dansait, riait, pleurait de joie. « TAHIA EL DJAZAIR ! » En chœur, les Algériennes et les Algériens lançaient à pleins poumons ce cri victorieux qui annonçait enfin la paix avec son grand cortège de justice, de liberté d’expression, de sécurité, de bien-être et d’avenir assuré à tous les enfants d’Algérie.
 
5 Juillet 1962 
 
L’Algérie libre n’en revenait pas encore ! « TAHIA EL DJAZAIR ! » Finies les brimades ! Finies les tortures ! Finies les blessures et les deuils ! Oui, « TAHIA EL DJAZAIR ! » « VIVE L’ALGÉRIE ! » Le soleil brille, l’horizon s’éclaire, et l’enfant naît en poussant le cri de la délivrance…
 
5 Juillet 1962 
 
L’Algérie exsangue a réussi à briser les chaînes qui l’entravaient. « GLOIRE A NOS MARTYRS ! », « TAHIA EL DJAZAIR ! ». Tout le pays résonnait de ces acclamations chargées d’histoire, emplies d’espoir, pleines de promesses, pleines de promesses, pleines de promesses…
 
5 Juillet 2008 
 
Tous les rêves se sont estompés, tous les espoirs sont devenus peau de chagrin. Toute la joie est devenue chagrin. .. « Par le peuple et pour le peuple », « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut », « Pour une vie meilleure », « Travail et rigueur pour garantir l’avenir »… Des mots, des maux…
 
Quelle est loin cette clameur triomphante d’où fusait, sortie de millions de poitrines, et scandé comme par un seul être cette vibrante expression d’amour pour la Patrie : « TAHIA EL DJAZAIR ! »  
 
Pourtant l’Algérien est peut-être le seul parmi les habitants de la planète qui interpelle son compatriote par les formules fraternelles : « Agma », « Yakhoua », « Mon frère ».
 
À qui la faute ? Pourquoi ? Aujourd’hui les adultes dépensent sans se dépenser, la jeunesse bouge sans avancer, les enfants poussent sans grandir…
 
Pourquoi ? À qui la faute ? À qui ? À qui ? À l’évidence, il y a tellement de « À qui ? » Au fait où sont passés les acquis de la Révolution ? Démocratie, justice sociale et tutti quanti ?
 
Bonne fête quand-même ! « GLOIRE À NOS MARTYRS ! », « TAHIA EL DJAZAIR ! »  « VIVE L’ALGÉRIE ! »
 
Khaled Lemnouer khaledlemnouer@yahoo.fr

Célébration de l’insurrection de 1871

Célébration de l’insurrection de 1871
 L’association des activités de jeunes cheikh Belhaddad de Seddouk célèbre depuis le 21 du mois de mars écoulé et ce jusqu’à mardi prochain un événementphare de la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de sa liberté. Un événement incontestablement qui revêt une dimension nationale car dépassant nos frontières qui, malheureusement, est célébré localement par une association caritative démunie de tout moyen pour le commémorer comme il se doit. En effet, il y a 137 ans, cheikh Md Améziane Belhaddad, un homme d’un charisme incomparable, incrusté d’une fibre patriotique et répondant au devoir de la patrie ensanglantée par l’envahisseur français, attendant le jour du marché hebdomadaire à Seddouk, coïncidant avec la date du 8/4/1871 et devant 1200 fidèles réunis sur la grande placette il annoncera le djihad contre l’oppresseur colonial. Après la prière du dhor qu’il dirigea, il lève les bras en l’air en disant ceci : « nous jetterons l’ennemi à la mer comme ça », joignant le geste à la parole, il jettera sa canne par terre. Une guerre farouche et sans merci que mèneront ses deux fils Aziz et M’hand joints par les Mokrani des Ath Abbas. Et ce dans le but de mettre fin à un système colonial qui, pour la conquête de tout le territoire a mis sa machine répressive en branle contre la paysannerie algérienne qu’il a dépossédée par des pratiques inhumaines faites de tortures et de tueries pour accaparer les meilleures terres situées dans les riches plaines et terroirs, ne laissant aux fellahs que les terres incultes situées dans des endroits montagneux aux reliefs accidentés. Voilà comment l’administration coloniale a installé un grand nombre de colons européens sur de vastes périmètres agricoles ruinant par voie de conséquence les fellahs qui ne sont pas restés insensibles puisque des soulèvements ont eu lieu partout dont le plus important est celui d’avril 1871 mené par des tribus paysannes de la vallée de la Soummam galvanisées par la foi et la détermination à vaincre ou mourir devant un ennemi déterminé aussi à asseoir sa domination par la force, quitte à disséminer les populations . Le moins que l’on puisse dire est que ce soulèvement ne s’étant pas uniquement propagé dans toute la Kabylie mais il avait gagné aussi d’autres régions limitrophes. Ce sursaut d’orgueil des populations kabyles était engendré d’abord par l’oppression et l’arbitraire d’un demi-siècle d’occupation, aggravées par la misère induite par trois années de sécheresse et d’invasion de criquets (1866 à 1869) conséquences de la mort par milliers dans les rangs des populations paysannes ruinées par l’administration coloniale qui ne voulait même pas leur venir en aide et meurtries par la famine, auxquels était venu s’ajouter le décret Crémieux de 1870, objet d’une discrimination, qui a accordé aux Juifs d’Algérie le privilège d’accès à la nationalité française et aux droits qui en découlent et ce, dans le but de grossir les rangs des colons. Pour bien dire les choses, ce sont tous ces facteurs néfastes non négligeables qui étaient à l’origine d’une révolte dont le coup de stater avait été donné le 16 mars 1871, par Mohamed el Mokrani qui, à la tête d’un bataillon, déclara la guerre à l’armée coloniale en signant le premier attentat contre une caserne militaire à BBA. Devant l’acte accompli et pour propager l’insurrection, il fit appel à cheikh Mohand Améziane Belhadad de Seddouk comptant sur le charisme dont il jouissait dans la région pour soulever les masses populaires déjà très affectées car Cheikh Belhaddad qui était avant tout un homme érudit et réputé pour sa loyauté, sa pureté et son austérité des qualités l’ayant propulsé à la tête d’une confrérie « Tarika Rahmania » répandue à travers tout le pays grâce à ces centaines de zaouias et comptant environ 300.000 fidèles. La bataille qui avait fait rage pendant environ une année s’était soldée par la mort d’un nombre incommensurable de personnes dont Mohamed El Mokrani, tué à Bouira le 5/5/1871, le reste des troupes et des chefs de guerre se résumant à environ un millier de personnes ont été capturés et jugés par la cour pénale de Constantine qui a rendu son verdict par des sanctions extrêmes se traduisant par la prison à vie pour l’ensemble des insurgés jugés assortie d’une déportation vers la Nouvelle -Calédonie. Seul cheikh Mohand-Améziane Belhadad a échappé à cette déportation pour son âge avancé aggravé par la maladie. Il a été incarcéré à la prison « Koudiat » de Constantine où il mourut au bout de cinq jours comme il l’avait prédit auparavant. « Vous m’avez condamné à cinq ans de prison, Dieu exhortera mon voeu de me soustraire à vos griffes au bout de cinq jours », lança-t-il à ses bourreaux lors de son procès. Même mort, il faisait encore peur aux soldats français qui l’ont enterré de nuit afin d’éviter de s’attirer les foudres de guerre de la population constantinoise qui n’était pas en reste d’un éventuel soulèvement. A la fin des hostilités, la région était pacifiée par la terreur et le sang par l’occupant colonial qui continua sa conquête par des moyens illégaux en faisant payer cher aux masses paysannes leur implication dans la guerre qui était la leur. La défaite fut donc accompagnée de graves conséquences sur les populations en zone rurale, qui étaient soumises à de nombreux châtiments inhumains aux effets durables dans le temps et l’espace. Parmi ces châtiments, les punitions les plus répressives furent d’abord celles qui imposaient aux tribus qui ont participé aux hostilités à verser de fortes amendes de guerre et qui étaient fixées à 70 F par fusil pour celles qui avaient seulement sympathisé, 140 F pour celles qui avaient pris part et 210 F pour celles qui avaient déclenché cette guerre. Autre conséquence, la généralisation des confiscations des biens et de grands périmètres de terres fertiles qui étaient redistribuées aux nouveaux colons. Les festivités qui se déroulent en ce moment même s’étalent sur 15 jours et sont enrichies d’un programme varié portant sur des activités culturelles et sportives. Revenant à la commémoration, outre la conférence que donnera Ali Battache, un historien et écrivain local qui a retracé dans un livre en langue nationale qui sera traduit incessamment en langue française, le parcours honorable du cheikh Belhaddad et la révolution populaire qu’il a menée, le public découvrira par- là même et pour la première fois un film documentaire sur le cheikh réalisé par Djamel Boukheddad, sans omettre les conférences que donneront aussi nos éminents historiens, Dehbia Abrous, Younès Adli et bien d’autres. Quoi qu’il en soit le printemps n’en sera que plus beau cette année à Seddouk. Autre fait marquant, un mausolée en cours de construction à Amdoun n’Seddouk, selon des informations qui nous sont parvenues, abritera les ossements des cheikhs Md Ameziane Belhaddad et de son fils Aziz qui seront rapatriés du cimetière de Constantine durant l’une des dates historiques, le 5 juillet ou le 20 août prochain.
L. Beddar

STATION THERMALE SIDI YAHIA EL AÂDLI

Un site touristique à l’abandon

 A peine le pont de Biziou franchi, nous laissons derrière nous la zone d’activité de Taharacht, fleuron industriel de la région d’Akbou et  nous ous retrouvons au pied de la grande muraille de la montagne de  Gueldamen qui dissimule le coeur du douar Ath Aadel, Le lieu où nous devons nous rendre. Cette muraille se dresse devant nous comme un rempart infranchissable. Le pont débouche sur un troischemins » saturé de plaques de signalisation signalant diverses destinations. La route
 longe l’oued Soummam, lequel est tari même en hiver, où seul un ruisselet scintille comme un serpent de verre. Le lit de l’oued est dominé par  des engins qui extraient du sable. A gauche, se trouve la montagne aux multiples contreforts dominés par les garrigues, les maquis et des  arbres rabougris ainsi qu’une végétation drue que limitent des rameaux d’oliviers et des régiments de figuiers. Nous sommes à la mi-février, période de début de végétation augurant un printemps qui s’annonce des plus beaux cette année. En empruntant cette route bordée par des  maisons pavillonnaires, alignées des deux côtés, nous étions fascinés par ce que la nature a façonné comme environnement sauvage de toute beauté, un paradis de l’escapade et de l’escalade. En franchissant le canyon de  cette muraille, nous découvrons des paysages enchanteurs caractérisés par des herbes folles et des fleurs qui jaillissent de terre. Cet ensemble  forme une immensité verdâtre dominant une vaste prairie ensemencée à certains endroits et laissée en jachère en d’autres. Des panoramas splendides, d’une vue imprenable, caressent le regard, dépaysent la vue et impressionnent l’esprit par l’ensemble des subtilités venant des  villages kabyles, aux ruelles proprettes et ardentes qui juchent sur les sommets  des collines comme des forteresses inexpugnables ou collés aux flancs de
celles-ci comme des ventouses. Au bord de la route, sous la guérite  d’une fontaine asséchée, un berger, tenant à la main une cane, garde un œil sur son troupeau et rabat une brebis galeuse qui s’aventure à se  détacher du groupe, la rappelant à l’ordre avec une pierre lancée à l’aide de sa houlette, et un autre oeil sur la route, comptant les voitures ou renseignant les passagers qui le lui demandent. Ce jeune homme, n’ayant  pas fréquenté la grande école, sait parfaitement vanter les mérites de hammam Sidi Yahia et sa région. « Vous savez, cette station où vous  vous dirigez apporte soins et détente à ses visiteurs potentiels,  occasionnels ou habituels. La plupart de ceux qui viennent une fois ne peuvent s’empêcher d’y revenir d’autres fois de part les remèdes qu’ils y trouvent », nous dira ce jeune paraissant très hospitalier à l’égard des touristes. Un peu plus loin, un panneau de signalisation indique un petit chemin à prendre pour se rendre à la station. Ce chemin étroit, pentu, sinueux et saturé de crevasses, d’incisions et de nids- de-  poule est un indice révélateur de l’abandon par les pouvoirs publics d’un monument centenaire du tourisme qui a résisté aux forces de la nature  et aux effets du temps. Cette route continue par un chemin étroit qui débouche sur un petit parking ne pouvant contenir plus 10 véhicules légers ou nous avons pu constater des véhicules serrés les uns aux autres par faute de places et immatriculés de toutes les wilayas avoisinantes avec prédominance de celle de Béjaïa. L’accès à la station se fait par un petit chemin piétonnier taillé à même les rocs. Au détour d’un virage apparaît la station, se languissant au soleil ‘hiver, nonchalante et accueillante tant le calme qu’on y trouve est  doux. Au -delà du charme de ce joyeux millénaire qui a fait le bonheur de plusieurs générations et malgré son abandon par les pouvoirs publics  qui n’ont pas daigné lui accorder un investissement des plus banals, cette station ressemblant à un gîte rural qu’on aurait classé comme une merveille ailleurs, fonctionne toujours avec des infrastructures  laissées par la colonisation, devenues de nos jours obsolètes. L’enchanteresse  nous
lance son cri de détresse. Entre deux falaises séparées par l’oued Bousellame, l’influant de l’oued Soummam, le relief accidenté a fait qu’une lignée de petites maisonnettes séculaires datant du temps des Turcs collées telles des ventouses à un flanc rocheux et construites  avec de la terre et des pierres grises et blanches locales et charpentées  avec des tuiles rouges traditionnelles dont certaines frisent l’effondrement mais tenant encore le coup en rendant encore des services aux familles  qui se détendent à l’intérieur après la baignade loin du regard des autres. Tout au fond un café maure grouille de la gent masculine sirotant des cafés, thé ou tisane encore fumants ou des limonades. Ce sont les seuls produits commercialisés par cette taverne de fortune. Tout en bas, à la
lisière de l’oued, l’endroit magique composé d’une minuscule pièce servant de hammam ne pouvant contenir plus de 10 personnes ce qui  explique les baignades à tour de rôle pour les nombreux adeptes. A l’intérieur, un brouillard de chaleur étouffant induite par les eaux bouillantes coulant d’un siphon à grand débit dans un bassin ou trois personnes trempaient leurs pieds et avec les mains ils remplissaient de cette eau  des ustensiles qu’ils déversaient sur leurs corps. Certains téméraires s’échaudent le corps en le plongeant dans le bassin. Sur la banquette faïencée deux autres personnes allongées se détendent en attendant leur tour. Cette chaleur provoque une transpiration intense favorisant une dilatation des pores de la peau, ce qui permet l’évacuation efficace de toutes les impuretés. Une telle séance de bain vapeur permet aussi à l’organisme de récupérer plus facilement après un effort et d’éviter des courbatures. La station thermale fondée par Sidi Yahia el Aadli  sise dans la commune de Tamokra dans la wilaya de Béjaïa est réputée aussi pour ses eaux lui reconnaissant d’autres vertus jugées essentielles, notamment les soins thérapeutiques et les relaxes éliminant le stress.  La liste n’est pas exhaustive. Si l’on s’en tient à cela, avant, les  femmes kabyles cloîtrées à la maison trouvent aussi leur compte en allant à cette station. C’est aussi le lieu de rendez -vous idéal pourla gent féminine, une occasion de sortir, rencontrer d’autres femmes venues de loin dans un lieu où elles sont entre elles et où elles peuvent s’exprimer librement. Située dans une région montagneuse, c”est aussi  un coin idéal pour les amoureux de la nature cherchant calme, tranquillité et détente loin du quotidien stressant de la ville. Autant de bienfaits n’ayant pas encore attiré l’attention des pouvoirs publics qui l’ont laissé dans un état pitoyable, alors que s’ils décident un jour de la moderniser par la réalisation d’infrastructures dignes de ce nom qui puissent attirer des touristes nationaux et étrangers, c’est toute la région d’Ath Aidel qui sortirait de l’enclavement. Les dividendes viendraient récompenser des populations qui ont donné un lourd tribut humain et matériel durant la révolution. Ils ne demandent pas plus que justice leur soit rendue. 

L.BEDDAR

Seddouk Ouadda : La rivière d’Irmane polluée

Le village Seddouk Ouadda, 1200 habitants est sans doute le village le
plus pollué des villages de la commune de Seddouk. Il est situé entre
deux rivières qui l’enserrent, lesquelles étaient polluées par les eaux
usées venant des bourgades et des habitations éparses situées en amont.
Mais celle qui présentement laisse planer sur les habitants des risques
majeurs d’épidémies reste incontestablement la rivière d’Irmane,
traversant le village de bout en bout. Elle aussi traversée par trois
chemins piétonniers reliant le nouveau quartier de Lejnan à l’ancienne
bourgade et son eau verdâtre occasionnée par les déchets fécaux
d’animaux domestiques déversés lors des nettoyages des hangars d’élevage et les margines des huileries se rajoutant aux eaux usées provenant des habitations donne des nausées aux passants sensibles. Plus grave encore, à l’entrée de ce village, une mare marécageuse d’eaux usées de couleur noirâtre et pestilentielle est constituée au milieu de la route principale obligeant les passants à traverser sur des pierres alignées
sur toute la largeur de celle-ci, au risque pour les personnes âgées et
les écoliers nombreux à l’emprunter et beaucoup de pères de famille
craignent qu’un jour l’un d’eux tombe à l’intérieur. Les notables du
village las de prendre leur mal en patience ont alerté le maire lui
expliquant les désagréments et les dangers causés par cette pollution
aux habitants, lequel, selon un notable, s’est déplacé sur les lieux et
constatant de visu le bien- fondé de cette horrible situation qui risque
de faire un désastre si des mesures urgentes ne sont pas prises et il est
reparti non sans promettre de faire de son mieux pour faire enlever les
souillures. Mais le plus surprenant, l’engin dépêché sur les lieux
entamant les travaux de nettoiement n’a travaillé seulement qu’une
journée enlevant une infime partie des saletés pour repartir sans plus
revenir laissant la situation telle qu’elle était auparavant, avons-nous
appris d’un citoyen. Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’eau
séculaire de cette rivière qui prend racine des prestigieuses sources
d’Elmanfouka et d’Elmoumadha était un patrimoine de toute la communauté du village Seddouk Ouadda qui lui accorde une vénération particulière en  l’adulant comme on adule un saint. C’est d’ailleurs la fierté et la raison de vivre des villageois qui l’utilisent, à l’époque, pour l’irrigation
des céréales, des maraîchages et des arbres fruitiers. Ceux qui se
souviennent encore racontent que nos aïeux ont installé en différents
endroits aux abords de cette rivière pas moins de cinq moulins à grain
fonctionnant avec son eau. Si l’on s’en tient à cela, ils témoignent
aussi d’un passé assez récent lorsque cette eau ramenée dans une rigole
traversant la placette (El Hara Ouadda) où certains villageois, en été
notamment, aimaient se détendre en milieu de la journée, adossés au mur,
les pieds nus dans l’eau. Ceci étant, les autorités locales doivent
prendre les mesures qui s’imposent pour rendre l’eau de cette rivière
propre car il y va de la santé des habitants du village Seddouk Ouadda.

L.BEDDAR