L’insurrection de 1871

« Aperçu sur l’histoire de la Kabylie La vie de cheikh Aheddad, d’El Mokrani et l’insurrection de 1871 ». Un titre d’un livre de Ali Battache une référence indispensable pour tous ceux qui veulent connaître l’histoire de l’Algérie  « la version française de 220 pages est prévue pour le mois de Juin » dira l’auteur. Le livre comporte trois chapitres le conflit musulmano-chrétien, la Tariqua Rahmania et l’insurrection de 1871.
Au premier chapitre le lecteur s’imprègne du soufisme, une confrérie de purification du corps et de l’âme pour la rencontre de Dieu, dans notre pays il existe  12 confréries, parmi lesquelles  la Tariqua Rahmania.  Le lecteur voyagera à travers sept siècles  d’histoire, de 1126 à 1871, il découvrira les ulémas ayant étudié dans la ville de bougie, une destination prisée,   à l’époque, par les étudiants de différents pays.  El Idrissi, Ibn kheldoun ; Leonardo Fibonacci, sont tous passés par cette ville antique. Elle est également connue par ses écoles  mais après la conquête espagnole de 1510 ces écoles, les Zaouïas ont été détruites et les  bibliothèques saccagées et  brûlées, ce qui avait contraint les ulémas à quitter bougie et s’enfoncer a l’intérieur du pays en abandonnant le littoral. 
C’est avec une passion et une grande précision en dates et lieus que l’écrivain relate et décrit l’histoire de cette région, des siècles   d’histoire sont défilés sous les yeux du lecteur, commençant par ce qu’a était la kabylie et bougie,
L’auteur entame son écrit avec émotion. Avant 1830  la Kabylie était libre, les gens vivaient paisiblement dans le travail de la terre, le commerce. Les affaires du village été gérées par des familles puissantes et des Marabout, qui sont ceux, ayant apprit  le coran et leurs descendants le deviennent automatiquement. Un jour vint, quant le vent de panique a soufflé.  les armées coloniales ont occupé l’Algérie puis la Kabylie. La contrée saccagée, les libertés bafouées, les propriétés spoliées, la hiérarchie sociale renversée, la société déstabilisée, le peuple anéantie, la jeunesse désorientées « nous devons nous occuper de l’instruction des enfants sur des modèles autres que ceux de leurs aïeux, nous devons leurs inculquer les principes de la bible » avait dit le cardinal Lavigerie (1825 -1892). Un des fondateurs de la communauté des pères blancs
 Dans les deux autres chapitres l’auteur raconte scrupuleusement les événements relatifs a la famille du cheikh Aheddad,. Cheich Mohand Amezine Aheddad était issu d’une famille marabout sont père était cheikh et avait sa Zaouia a Seddouk Oufella. Mohand Ameziane Aheddad avait étudié à la zaouïa d’Immoula puis de Tizi ouzou. Devenant un maître de la confrérie Rahmania, il éclairait et incitait le peuple a l’insurrection en proclamant  « nous allons jeter les français dans la mer comme je jette ma canne en la lançant par terre » et pour dissuader toute hésitation de leurs parts il disait  «  je sais que  l’idée et maléfique mais nous devons la prendre » Cheikh Aheddad fut le chef spirituel de l’insurrection du 8 Avril  1871 et Aziz  son fils cadet, l’un des principaux chefs politiques et militaire, allié à El Mokrani, qui s’était déjà insurger en ce moment à l’ouest.  Après presque 230 combats en espace d’une année Aziz est capturé le 28 mai 1871 . son frère  Mhamed, deux jours après et Boumerzeg El Mokrani, le 15 janvier 1872. La révolution s’est étalée sur presque une    année, les historiens considèrent cette insurrection comme le plus  grand soulèvement populaire armé avant celui de 1954.
Le procès des insurgés eu lieu à Constantine du 10 mars au 21 Avril. La particularité du procès c’était la répartition des accusés par plusieurs chefs d’inculpations en groupes inculpés dans une  région donnée et cet établissement c’était dans le but de présenter les faits comme simples crimes du délit du droit commun, se résumant aux vols pillages, meurtres et de  les ôter de leurs caractère politique.
 Cheikh Aheddad fut condamné à 5 ans d’emprisonnement et il murut au cinquième jour.
Aziz, Mhamed, El Mokrani et les autres insurgés ont été déportés à Nouméa en nouvelle Calédonie. Dans cette contrée lointaine, ils  font la rencontre avec les déportés communards de Paris et vécurent ensemble. Après la loi d’amnistie générale, proclamée en juillet 1890 en faveur de ces communards  excluant les Algériens,  Aziz décide alors de fuir la nouvelle Calédonie, d’une île à une autre il rejoint Australie puis la Mecque ou il  était contraint d’ y résider, il avait épousé une éthiopienne dont il eut trois  enfants. En 1895 Aziz Aheddad meurt à Paris dans des circonstances non élucidées. Et même  mort les autorités françaises lui interdisent la kabylie  et Seddouk en particulier, du fait de l’estime collectif que les populations locales avaient pour lui, la dépouille fut enterrée à Constantine à coté de celle de son père. «  J’ai déclaré la guerre contre la France pour mettre un écart entre nous et eux le sang qui coulera va rendre notre querelle éternelle, elle sera comme un obstacle entre musulman et français, sans lequel, un jour viendra ou nos enfants et les leurs vont s’entremêler et rien ne les différenciera, .maintenant l’arbre de la liberté est planté vous devez l’arroser pour qu’il puisse pousser » avait dit le cheikh il y a 137 ans.
C’est encore dans une extrême émotion que s’achève le  livre  de Ali Battache. Un livre à lire impérativement.
 
                                                                                                                               Ikhenache s