SEDDOUK-OUADDA: un village de résistants

Dame nature a généreusement doté Seddouk Ouadda des plus beaux atours, dans une splendeur féerique aux paysages enchanteurs. Ce village se fait toujours d’accueillir chaleureusement les visiteurs en quête d’une beauté éternelle. Construit, selon, sur les ruines d’un village détruit par un cataclysme dont personne ne connaît la date, Seddouk Ouadda a vu des propriétaires terriens découvrir quelques vestiges lors de travaux de construction d’habitations. Des vestiges qu’une association conserve jalousement. Les membres de cette association ont saisi plusieurs fois la direction de la culture de Béjaïa pour l’envoi de spécialistes en archéologie, afin de faire la lumière sur ce cataclysme supposé. Restons dans l’histoire. C’est au marché du village, connu sous le nom de Souk El-Abtal (marché des héros), que cheikh Belhaddad avait lancé l’appel au djihad, un certain 8 avril 1871. Comme l’épouse de ce héros (Fatima Beddar) était originaire de Seddouk Ouadda, la dizaine de cavaliers qui avait lancé le djihad était partie de ce village, le plus important du douar d’Ath Aïdel à l’époque. Les forces coloniales françaises, en guise de sanction, ont alors infligé des amendes pécuniaires et séquestré des terres aux habitants rebelles. L’administrateur colonial, arrivé au lieu dit Talakath, debout, le visage tourné vers le mont Achtoug, les bras levés vers le ciel, désignait toutes les terres des riches plaines à séquestrer, ne laissant sur le flanc escarpé de la montagne que les parcelles à rendement faible et ne permettant aucune plantation d’arbres. La seule école primaire créée en 1905 a été baptisée au nom du village. Un village à vous faire oublier les la pollution et le stress de la ville, à quelque 600 m d’altitude. La végétation y est verdoyante, le gazouillement des oiseaux saisissant, le bruit frétillant de eaux de source jaillissant des entrailles de la terre apaisant. UN MÉMORIAL POUR LES CHOUHADA En arrivant au village de Tibouamouchine, au niveau d’une intersection, une plaque signalétique indique la direction de Seddouk-Ouadda. Une bourgade où vivent 1 500 âmes. A l’entrée du village, l’imposant siège de l’association Azar vous accueille avec le signe légendaire d’«Imazighene» et un drapeau national qui flotte aux quatre vents, au dessus d’une minuscule pièce qui abritait autrefois la tombe de Sidi Yahia Ouayad, un saint du village. Une esplanade a été aménagée pour recevoir un mémorial où sont portés les noms de 73 chouhada. Un lourd tribut, dit-on. Tournant le regard vers le village voisin, Seddouk Ouffella, où un mausolée à été construit pour les cheikhs Belhaddad, un habitant, fils de chahid, s’exclame : «Ils méritent tous une reconnaissance pour avoir arrosé de leur sang cette terre et arraché au prix de leur vie l’indépendance que nous vivons aujourd’hui. L’aménagement d’un mémorial où seront portés les noms de ces valeureux martyrs de la révolution s’impose, sinon ce serait les tuer une seconde fois.» La population a subi les pires affres de l’armée française durant la guerre de libération. Et la population de Seddouk Ouadda a été la seule du douar d’Amdoune N’seddouk à avoir été délocalisée, après des bombardements sauvages. Comme tous les villages de Kabylie, celui de Seddouk Ouadda a de tout temps été géré par des notables désignés démocratiquement. Un village érigé sur un large plateau, entre deux rivières dont les eaux permettaient la pratique de l’agriculture. A l’ancien bâti propret, centenaire et envoûtant par ses ruelles étroites et ses pâtés de maisons agglutinées les unes sur les autres et construites avec de la pierre locale et charpentées avec de la tuile rouge traditionnelle, s’ajoutent des maisons pavillonnaires éparses construites au milieu de jardins fleuris que délimitent des clôtures grillagées ou des murets construits avec de la pierre taillée. Seddouk Ouadda se distingue par les sources millénaires d’Ighzer Netsragoua, qui constituent aussi sa fierté. Elles jaillissent des entrailles du flanc abrupt d’El-Koucha en grande quantité, faisant de l’endroit le paradis de l’escapade, au grand bonheur des visiteurs. C’est la destination privilégiée des amoureux de la nature, grâce à sa végétation verdoyante, à ses fleurs de toutes les couleurs aux senteurs enivrantes, à l’air pur que l’on se plaît à humer à pleins poumons, à ses eaux de source limpides qui ruissellent même en été. Et les moins jeunes y trouvent un lieu d’évasion idéal lors des grandes chaleurs. Un étang (thamda) datant de la nuit des temps où l’on peut nager a vu la pose d’une digue de fortune faite de sacs remplis de terre et de gravas. UN DÉVELOPPEMENT AU FORCEPS Le nom de Seddouk, comme le laisse entendre certaines personnes âgées, dérive du nom d’un dignitaire sage et vénéré par la population. Il s’appelait Saddok, un homme fort et généreux qui avait le titre de roi et habitait une forteresse (Bordj) à côté de l’ancien village. Connu aussi pour son organisation sociale, ce village s’est également développé avec le concours précieux de la communauté émigrée. Les habitants ont fait des miracles, avec des projets de grande envergure réalisés par leurs propres moyens et au prix d’une volonté exemplaire. Juste après l’Indépendance, n’attendant pas les lests des pouvoirs publics, les villageois se sont attelés à créer les commodités leur permettant de mener une vie décente, comparable à celle des citadins. Le premier projet réalisé a été celui du réseau d’assainissement des eaux usées, puis celui de l’alimentation en eau potable (AEP). S’en sont suivis le bitumage de toutes les artères du village et la mise en valeur de la source d’Ighzer n’Tsergou en canalisant son eau vers un château d’eau, actuellement en construction. Ce projet de grande envergure a atténué considérablement la crise de ce précieux liquide. Par ailleurs, l’association socioculturelle locale créée par les jeunes de la localité a repris le flambeau en 1991, en se distinguant par des actes de générosité menés en faveur des démunis du village et des localités avoisinantes. Cependant, au-delà de toutes ces réalisations qui font la fierté de ce village, la détresse touche encore les habitants qui font face à d’innombrables difficultés qui leur empoisonnent la vie au quotidien et qu’ils ne peuvent désormais résoudre par leurs propres moyens. Leurs appels aux pouvoirs publics pour des projets structurants ne semblent pas pour le moment avoir été bien entendus. A commencer par la pollution de l’environnement qui menace la santé des habitants. Ces illustres rivières qui étaient autrefois des viviers pour toute la communauté, notamment celle d’Irmane par le nombre de moulins à grains installés sur ses rives et fonctionnant avec un débit puissant, étaient utilisées aussi pour l’irrigation des cultures maraîchères et des vergers. A cette époque, Seddouk était réputée pour être le premier producteur de citrouilles de la région. «Awi thakhsayth ar seddouk», dit l’adage. Ces dernières années, les riverains, notamment durant la période estivale, ont du mal à supporter les odeurs nauséabondes qui se dégagent des eaux rendues noirâtres par le déversement des rejets des huileries, ainsi que la prolifération de mouches et de moustiques en raison d’élevages sauvages d’animaux. La nouvelle APC a promis d’y remédier, mais aucun projet n’a vu le jour pour le moment. La route principale qui mène au village est dépourvue d’éclairage public et de canalisations d’évacuation des eaux usées et pluviales. «Cela fait une semaine que nous avons creusé des tranchées ; elles font apparaître les vannes défectueuses à changer ; les services communaux de la voierie tardent à faire les réparations nécessaires ; c’est un danger pour la santé des citoyens», affirme un notable. A cela s’ajoute aussi un problème qui n’est pas des moindres, celui des pannes récurrentes d’électricité et des chutes de tension. Le transformateur alimentant les deux villages (Seddouk Ouadda et Tibouamouchine) n’arrive plus à subvenir à la demande en énergie électrique, en hausse permanente. Sonelgaz est interpellée pour assurer les prestations de services que la population est en droit d’attendre. Le village de Seddouk Ouadda a connu des périodes d’euphorie grâce aux efforts conjugués de la population locale et de la communauté émigrée établie en France, en assurant un développement digne de ce nom qui lui a donné le label de village modèle. Mais aujourd’hui, exténués physiquement et n’en pouvant plus financièrement, les villageois s’en remettent aux pouvoirs publics pour le parachèvement du processus de modernisation enclenché depuis l’indépendance. Une pétition a été signée par la population et adressée il y a trois ans aux autorités locales leur demandant l’inscription d’un projet d’alimentation des foyers en gaz de ville, en vain. Les dés ont été jetés. Seraient-ils pipés ?                                                                                   
 L.Beddar

Célébration de l’insurrection de 1871

Célébration de l’insurrection de 1871
 L’association des activités de jeunes cheikh Belhaddad de Seddouk célèbre depuis le 21 du mois de mars écoulé et ce jusqu’à mardi prochain un événementphare de la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de sa liberté. Un événement incontestablement qui revêt une dimension nationale car dépassant nos frontières qui, malheureusement, est célébré localement par une association caritative démunie de tout moyen pour le commémorer comme il se doit. En effet, il y a 137 ans, cheikh Md Améziane Belhaddad, un homme d’un charisme incomparable, incrusté d’une fibre patriotique et répondant au devoir de la patrie ensanglantée par l’envahisseur français, attendant le jour du marché hebdomadaire à Seddouk, coïncidant avec la date du 8/4/1871 et devant 1200 fidèles réunis sur la grande placette il annoncera le djihad contre l’oppresseur colonial. Après la prière du dhor qu’il dirigea, il lève les bras en l’air en disant ceci : « nous jetterons l’ennemi à la mer comme ça », joignant le geste à la parole, il jettera sa canne par terre. Une guerre farouche et sans merci que mèneront ses deux fils Aziz et M’hand joints par les Mokrani des Ath Abbas. Et ce dans le but de mettre fin à un système colonial qui, pour la conquête de tout le territoire a mis sa machine répressive en branle contre la paysannerie algérienne qu’il a dépossédée par des pratiques inhumaines faites de tortures et de tueries pour accaparer les meilleures terres situées dans les riches plaines et terroirs, ne laissant aux fellahs que les terres incultes situées dans des endroits montagneux aux reliefs accidentés. Voilà comment l’administration coloniale a installé un grand nombre de colons européens sur de vastes périmètres agricoles ruinant par voie de conséquence les fellahs qui ne sont pas restés insensibles puisque des soulèvements ont eu lieu partout dont le plus important est celui d’avril 1871 mené par des tribus paysannes de la vallée de la Soummam galvanisées par la foi et la détermination à vaincre ou mourir devant un ennemi déterminé aussi à asseoir sa domination par la force, quitte à disséminer les populations . Le moins que l’on puisse dire est que ce soulèvement ne s’étant pas uniquement propagé dans toute la Kabylie mais il avait gagné aussi d’autres régions limitrophes. Ce sursaut d’orgueil des populations kabyles était engendré d’abord par l’oppression et l’arbitraire d’un demi-siècle d’occupation, aggravées par la misère induite par trois années de sécheresse et d’invasion de criquets (1866 à 1869) conséquences de la mort par milliers dans les rangs des populations paysannes ruinées par l’administration coloniale qui ne voulait même pas leur venir en aide et meurtries par la famine, auxquels était venu s’ajouter le décret Crémieux de 1870, objet d’une discrimination, qui a accordé aux Juifs d’Algérie le privilège d’accès à la nationalité française et aux droits qui en découlent et ce, dans le but de grossir les rangs des colons. Pour bien dire les choses, ce sont tous ces facteurs néfastes non négligeables qui étaient à l’origine d’une révolte dont le coup de stater avait été donné le 16 mars 1871, par Mohamed el Mokrani qui, à la tête d’un bataillon, déclara la guerre à l’armée coloniale en signant le premier attentat contre une caserne militaire à BBA. Devant l’acte accompli et pour propager l’insurrection, il fit appel à cheikh Mohand Améziane Belhadad de Seddouk comptant sur le charisme dont il jouissait dans la région pour soulever les masses populaires déjà très affectées car Cheikh Belhaddad qui était avant tout un homme érudit et réputé pour sa loyauté, sa pureté et son austérité des qualités l’ayant propulsé à la tête d’une confrérie « Tarika Rahmania » répandue à travers tout le pays grâce à ces centaines de zaouias et comptant environ 300.000 fidèles. La bataille qui avait fait rage pendant environ une année s’était soldée par la mort d’un nombre incommensurable de personnes dont Mohamed El Mokrani, tué à Bouira le 5/5/1871, le reste des troupes et des chefs de guerre se résumant à environ un millier de personnes ont été capturés et jugés par la cour pénale de Constantine qui a rendu son verdict par des sanctions extrêmes se traduisant par la prison à vie pour l’ensemble des insurgés jugés assortie d’une déportation vers la Nouvelle -Calédonie. Seul cheikh Mohand-Améziane Belhadad a échappé à cette déportation pour son âge avancé aggravé par la maladie. Il a été incarcéré à la prison « Koudiat » de Constantine où il mourut au bout de cinq jours comme il l’avait prédit auparavant. « Vous m’avez condamné à cinq ans de prison, Dieu exhortera mon voeu de me soustraire à vos griffes au bout de cinq jours », lança-t-il à ses bourreaux lors de son procès. Même mort, il faisait encore peur aux soldats français qui l’ont enterré de nuit afin d’éviter de s’attirer les foudres de guerre de la population constantinoise qui n’était pas en reste d’un éventuel soulèvement. A la fin des hostilités, la région était pacifiée par la terreur et le sang par l’occupant colonial qui continua sa conquête par des moyens illégaux en faisant payer cher aux masses paysannes leur implication dans la guerre qui était la leur. La défaite fut donc accompagnée de graves conséquences sur les populations en zone rurale, qui étaient soumises à de nombreux châtiments inhumains aux effets durables dans le temps et l’espace. Parmi ces châtiments, les punitions les plus répressives furent d’abord celles qui imposaient aux tribus qui ont participé aux hostilités à verser de fortes amendes de guerre et qui étaient fixées à 70 F par fusil pour celles qui avaient seulement sympathisé, 140 F pour celles qui avaient pris part et 210 F pour celles qui avaient déclenché cette guerre. Autre conséquence, la généralisation des confiscations des biens et de grands périmètres de terres fertiles qui étaient redistribuées aux nouveaux colons. Les festivités qui se déroulent en ce moment même s’étalent sur 15 jours et sont enrichies d’un programme varié portant sur des activités culturelles et sportives. Revenant à la commémoration, outre la conférence que donnera Ali Battache, un historien et écrivain local qui a retracé dans un livre en langue nationale qui sera traduit incessamment en langue française, le parcours honorable du cheikh Belhaddad et la révolution populaire qu’il a menée, le public découvrira par- là même et pour la première fois un film documentaire sur le cheikh réalisé par Djamel Boukheddad, sans omettre les conférences que donneront aussi nos éminents historiens, Dehbia Abrous, Younès Adli et bien d’autres. Quoi qu’il en soit le printemps n’en sera que plus beau cette année à Seddouk. Autre fait marquant, un mausolée en cours de construction à Amdoun n’Seddouk, selon des informations qui nous sont parvenues, abritera les ossements des cheikhs Md Ameziane Belhaddad et de son fils Aziz qui seront rapatriés du cimetière de Constantine durant l’une des dates historiques, le 5 juillet ou le 20 août prochain.
L. Beddar

STATION THERMALE SIDI YAHIA EL AÂDLI

Un site touristique à l’abandon

 A peine le pont de Biziou franchi, nous laissons derrière nous la zone d’activité de Taharacht, fleuron industriel de la région d’Akbou et  nous ous retrouvons au pied de la grande muraille de la montagne de  Gueldamen qui dissimule le coeur du douar Ath Aadel, Le lieu où nous devons nous rendre. Cette muraille se dresse devant nous comme un rempart infranchissable. Le pont débouche sur un troischemins » saturé de plaques de signalisation signalant diverses destinations. La route
 longe l’oued Soummam, lequel est tari même en hiver, où seul un ruisselet scintille comme un serpent de verre. Le lit de l’oued est dominé par  des engins qui extraient du sable. A gauche, se trouve la montagne aux multiples contreforts dominés par les garrigues, les maquis et des  arbres rabougris ainsi qu’une végétation drue que limitent des rameaux d’oliviers et des régiments de figuiers. Nous sommes à la mi-février, période de début de végétation augurant un printemps qui s’annonce des plus beaux cette année. En empruntant cette route bordée par des  maisons pavillonnaires, alignées des deux côtés, nous étions fascinés par ce que la nature a façonné comme environnement sauvage de toute beauté, un paradis de l’escapade et de l’escalade. En franchissant le canyon de  cette muraille, nous découvrons des paysages enchanteurs caractérisés par des herbes folles et des fleurs qui jaillissent de terre. Cet ensemble  forme une immensité verdâtre dominant une vaste prairie ensemencée à certains endroits et laissée en jachère en d’autres. Des panoramas splendides, d’une vue imprenable, caressent le regard, dépaysent la vue et impressionnent l’esprit par l’ensemble des subtilités venant des  villages kabyles, aux ruelles proprettes et ardentes qui juchent sur les sommets  des collines comme des forteresses inexpugnables ou collés aux flancs de
celles-ci comme des ventouses. Au bord de la route, sous la guérite  d’une fontaine asséchée, un berger, tenant à la main une cane, garde un œil sur son troupeau et rabat une brebis galeuse qui s’aventure à se  détacher du groupe, la rappelant à l’ordre avec une pierre lancée à l’aide de sa houlette, et un autre oeil sur la route, comptant les voitures ou renseignant les passagers qui le lui demandent. Ce jeune homme, n’ayant  pas fréquenté la grande école, sait parfaitement vanter les mérites de hammam Sidi Yahia et sa région. « Vous savez, cette station où vous  vous dirigez apporte soins et détente à ses visiteurs potentiels,  occasionnels ou habituels. La plupart de ceux qui viennent une fois ne peuvent s’empêcher d’y revenir d’autres fois de part les remèdes qu’ils y trouvent », nous dira ce jeune paraissant très hospitalier à l’égard des touristes. Un peu plus loin, un panneau de signalisation indique un petit chemin à prendre pour se rendre à la station. Ce chemin étroit, pentu, sinueux et saturé de crevasses, d’incisions et de nids- de-  poule est un indice révélateur de l’abandon par les pouvoirs publics d’un monument centenaire du tourisme qui a résisté aux forces de la nature  et aux effets du temps. Cette route continue par un chemin étroit qui débouche sur un petit parking ne pouvant contenir plus 10 véhicules légers ou nous avons pu constater des véhicules serrés les uns aux autres par faute de places et immatriculés de toutes les wilayas avoisinantes avec prédominance de celle de Béjaïa. L’accès à la station se fait par un petit chemin piétonnier taillé à même les rocs. Au détour d’un virage apparaît la station, se languissant au soleil ‘hiver, nonchalante et accueillante tant le calme qu’on y trouve est  doux. Au -delà du charme de ce joyeux millénaire qui a fait le bonheur de plusieurs générations et malgré son abandon par les pouvoirs publics  qui n’ont pas daigné lui accorder un investissement des plus banals, cette station ressemblant à un gîte rural qu’on aurait classé comme une merveille ailleurs, fonctionne toujours avec des infrastructures  laissées par la colonisation, devenues de nos jours obsolètes. L’enchanteresse  nous
lance son cri de détresse. Entre deux falaises séparées par l’oued Bousellame, l’influant de l’oued Soummam, le relief accidenté a fait qu’une lignée de petites maisonnettes séculaires datant du temps des Turcs collées telles des ventouses à un flanc rocheux et construites  avec de la terre et des pierres grises et blanches locales et charpentées  avec des tuiles rouges traditionnelles dont certaines frisent l’effondrement mais tenant encore le coup en rendant encore des services aux familles  qui se détendent à l’intérieur après la baignade loin du regard des autres. Tout au fond un café maure grouille de la gent masculine sirotant des cafés, thé ou tisane encore fumants ou des limonades. Ce sont les seuls produits commercialisés par cette taverne de fortune. Tout en bas, à la
lisière de l’oued, l’endroit magique composé d’une minuscule pièce servant de hammam ne pouvant contenir plus de 10 personnes ce qui  explique les baignades à tour de rôle pour les nombreux adeptes. A l’intérieur, un brouillard de chaleur étouffant induite par les eaux bouillantes coulant d’un siphon à grand débit dans un bassin ou trois personnes trempaient leurs pieds et avec les mains ils remplissaient de cette eau  des ustensiles qu’ils déversaient sur leurs corps. Certains téméraires s’échaudent le corps en le plongeant dans le bassin. Sur la banquette faïencée deux autres personnes allongées se détendent en attendant leur tour. Cette chaleur provoque une transpiration intense favorisant une dilatation des pores de la peau, ce qui permet l’évacuation efficace de toutes les impuretés. Une telle séance de bain vapeur permet aussi à l’organisme de récupérer plus facilement après un effort et d’éviter des courbatures. La station thermale fondée par Sidi Yahia el Aadli  sise dans la commune de Tamokra dans la wilaya de Béjaïa est réputée aussi pour ses eaux lui reconnaissant d’autres vertus jugées essentielles, notamment les soins thérapeutiques et les relaxes éliminant le stress.  La liste n’est pas exhaustive. Si l’on s’en tient à cela, avant, les  femmes kabyles cloîtrées à la maison trouvent aussi leur compte en allant à cette station. C’est aussi le lieu de rendez -vous idéal pourla gent féminine, une occasion de sortir, rencontrer d’autres femmes venues de loin dans un lieu où elles sont entre elles et où elles peuvent s’exprimer librement. Située dans une région montagneuse, c”est aussi  un coin idéal pour les amoureux de la nature cherchant calme, tranquillité et détente loin du quotidien stressant de la ville. Autant de bienfaits n’ayant pas encore attiré l’attention des pouvoirs publics qui l’ont laissé dans un état pitoyable, alors que s’ils décident un jour de la moderniser par la réalisation d’infrastructures dignes de ce nom qui puissent attirer des touristes nationaux et étrangers, c’est toute la région d’Ath Aidel qui sortirait de l’enclavement. Les dividendes viendraient récompenser des populations qui ont donné un lourd tribut humain et matériel durant la révolution. Ils ne demandent pas plus que justice leur soit rendue. 

L.BEDDAR

Seddouk Ouadda : La rivière d’Irmane polluée

Le village Seddouk Ouadda, 1200 habitants est sans doute le village le
plus pollué des villages de la commune de Seddouk. Il est situé entre
deux rivières qui l’enserrent, lesquelles étaient polluées par les eaux
usées venant des bourgades et des habitations éparses situées en amont.
Mais celle qui présentement laisse planer sur les habitants des risques
majeurs d’épidémies reste incontestablement la rivière d’Irmane,
traversant le village de bout en bout. Elle aussi traversée par trois
chemins piétonniers reliant le nouveau quartier de Lejnan à l’ancienne
bourgade et son eau verdâtre occasionnée par les déchets fécaux
d’animaux domestiques déversés lors des nettoyages des hangars d’élevage et les margines des huileries se rajoutant aux eaux usées provenant des habitations donne des nausées aux passants sensibles. Plus grave encore, à l’entrée de ce village, une mare marécageuse d’eaux usées de couleur noirâtre et pestilentielle est constituée au milieu de la route principale obligeant les passants à traverser sur des pierres alignées
sur toute la largeur de celle-ci, au risque pour les personnes âgées et
les écoliers nombreux à l’emprunter et beaucoup de pères de famille
craignent qu’un jour l’un d’eux tombe à l’intérieur. Les notables du
village las de prendre leur mal en patience ont alerté le maire lui
expliquant les désagréments et les dangers causés par cette pollution
aux habitants, lequel, selon un notable, s’est déplacé sur les lieux et
constatant de visu le bien- fondé de cette horrible situation qui risque
de faire un désastre si des mesures urgentes ne sont pas prises et il est
reparti non sans promettre de faire de son mieux pour faire enlever les
souillures. Mais le plus surprenant, l’engin dépêché sur les lieux
entamant les travaux de nettoiement n’a travaillé seulement qu’une
journée enlevant une infime partie des saletés pour repartir sans plus
revenir laissant la situation telle qu’elle était auparavant, avons-nous
appris d’un citoyen. Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’eau
séculaire de cette rivière qui prend racine des prestigieuses sources
d’Elmanfouka et d’Elmoumadha était un patrimoine de toute la communauté du village Seddouk Ouadda qui lui accorde une vénération particulière en  l’adulant comme on adule un saint. C’est d’ailleurs la fierté et la raison de vivre des villageois qui l’utilisent, à l’époque, pour l’irrigation
des céréales, des maraîchages et des arbres fruitiers. Ceux qui se
souviennent encore racontent que nos aïeux ont installé en différents
endroits aux abords de cette rivière pas moins de cinq moulins à grain
fonctionnant avec son eau. Si l’on s’en tient à cela, ils témoignent
aussi d’un passé assez récent lorsque cette eau ramenée dans une rigole
traversant la placette (El Hara Ouadda) où certains villageois, en été
notamment, aimaient se détendre en milieu de la journée, adossés au mur,
les pieds nus dans l’eau. Ceci étant, les autorités locales doivent
prendre les mesures qui s’imposent pour rendre l’eau de cette rivière
propre car il y va de la santé des habitants du village Seddouk Ouadda.

L.BEDDAR

Ecole primaire Cheikh Belhaddad de Seddouk Ouadda

De l’enthousiasme à l’amertume !

 Erigée sur la protubérance d’une colline telle une citadelle inexpugnable, bien aérée et exposée au soleil, l’endroit a été choisi d’ailleurs par l’érudit Cheikh Belhaddad qui a fondé son école coranique en 1850, car c’est d’elle qu’il s’agit, celle-ci accueillant des étudiants venant de partout. Après son arrestation, son incarcération et sa mort en prison, l’administration française l’a confisquée pour la reconvertir en 1905 en école pilote d’enseignement des techniques agricoles. Fermée durant la Guerre d’Algérie, elle est rouverte après l’indépendance comme école primaire portant le nom du chahid Bounzou Zoubir avant qu’elle ne soit baptisée en 1971 lors des festivités célébrant le centenaire des événements de l’insurrection populaire d’avril 1871 comme école primaire cheikh Belhaddad de Seddouk Ouadda. C’est une école centenaire qui a le mérite d’avoir formé nos grandsparents, nos parents, nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants, et qui a résisté à une guerre, à la force de la nature ou simplement aux effets du temps. En guise de reconnaissance, en avril 2005, des festivités grandioses marquant son centième anniversaire lui ont été organisées. En goguette, elle a retrouvé ses anciens élèves de la génération des années 30 à la plus récente, venus en masse lui rendre un vibrant hommage. Une jubilation délirante se lisait sur les visages :
joie des retrouvailles, accolades et rappel de souvenirs et chacun a le sentiment d’être au milieu de la marmaille d’antan. Quel bonheur à entendre. A voilà le petit untel ! Quelle tendresse dans ces acclamations joviales ! On a presque oublié qu’on est âgé ! A cette occasion un film a été tourné sur place pour immortaliser l’événement et on a profité par la même de la présence de chacun pour créer une association intitulée les «Amis de l’école ». Le directeur de la culture de Béjaïa de l’époque, invité pour la circonstance, a chargé son porte-parole d’informer les organisateurs que le ministère de la Culture a alloué pour cette école une somme de 5 millions de dinars pour la création d’une bibliothèque scolaire. Le comité d’organisation le prenant au mot a immédiatement procédé à l’aménagement de deux anciennes classes les transformant en salles de lecture. Si le mobilier et les équipements ont été réceptionnés à temps, paradoxalement à cela, le manque de suivi du dossier qui moisit sans doute quelque part dans un tiroir, a fait que les livres n’ont pas été réceptionnés à ce jour. La question que le commun des mortels se pose à ce sujet est la suivante : d’abord pourquoi les livres n’ont jamais suivi et ensuite pourquoi donc une bibliothèque sans livres ? ( l’école a perdu il y a quelques mois deux de ses meilleurs élèves des années 40, artisans et acteurs de ces festivités que Dieu ait leur âme. Il s’agit de son premier directeur post-indépendance en l’occurrence Benslimane Belgacem, et de notre cher ami Oulghadi Youcef, auxquels nous rendons un vibrant hommage). Pour celui qui s’y rend aujourd’hui, il constatera amèrement le devenir de cette école qui est depuis en décadence. Elle se trouve dans un état pitoyable de dégradation avancée à tous points de vue. Pour cela, certains enseignants et parents d’élèves chez qui la déception est profonde, devant cette situation alarmante, las de prendre leur mal en patience et ne sachant pas à quel saint se vouer pour que leur établissement retrouve son aura, nous ont fait part de leur vive inquiétude quant au devenir de leur école qui va de mal en pis, selon eux. Sur les lieux, un enseignant, la gorge nouée et révolté par cet état de fait, nous a montré l’état de détérioration des blocs sanitaires qui demandent à être
rafistolés dans les meilleurs délais. Cet enseignant a témoigné aussi des dégâts subis par ce monument scolaire qui a formé des générations de cadres. L’absence d’une clôture favorise, selon lui, la pénétration des chiens errants et les visites nocturnes des voleurs qui ont subtilisé lors de leurs différents vols des denrées alimentaires, des poêles à mazout et d’autres matériels. Il nous montrera par la suite le vaste jardin de l’école livré aux prédateurs de tout bord qui ont fait de lui un lieu de prédilection pour se saouler ou se droguer laissant à la fin de leur besogne sur place des détritus et des bouteilles vides de vin et de bière. Que d’orangers, de grenadiers, d’amandiers, de figuiers, d’oliviers, etc. sont morts par manque d’entretien. « Je me souviens quand j’étais élève, on attendait impatiemment l’arrivée de la campagne des fourrages ou de la cueillette des olives pour participer au ramassage. Cette année, les voleurs d’olives ont agi en plein jour pour accomplir leurs forfaits », témoigna cet enseignant. Les écoliers arrivent par une piste dangereuse, laquelle est pentue, étroite, caillouteuse, boueuse en hiver et saturée de pierres, de tuyaux en galvanisé d’eau potable et d’une conduite d’assainissement d’eaux usées. Plus grave encore, les potaches longent un tronçon dangereux de la RN 74 sur environ 500 mètres et l’absence de dosd’âne qui puissent obliger les chauffeurs circulant à vive allure à réduire la vitesse, fait planer les risques d’accident sur les bouts de chou. Dans ce contexte, les difficultés scolaires de nos enfants sont innombrables dans une école passant de l’enthousiasme à l’amertume où leur réussite ne semble pas être l’objectif premier. Pourtant et logiquement, elle se doit d’être à la hauteur des aspirations des écoliers en construction de leur avenir lointain! Comment alors réussir le pari de l’intelligence dans une école où tous les clignotants sont au rouge ? 

L.BEDDAR                                

Seddouk : CRA , tant qu’il y aura des hommes

Seddouk : CRA , tant qu’il y aura des hommes

Peut-on parler du comité du Croissant-Rouge algérien de Seddouk sans
évoquer le nom de l’un de ses cofondateurs, un humaniste authentique,
simple et généreux qui a émergé parmi les enfants que Seddouk Oufella a vu
naître ? Ce bénévole infatigable ne peut être que Bouda Nacer, un homme de
41 ans et père de quatre poupons qui a voué ces sept dernières années à la
cause des démunis dans la commune de Seddouk. En plus de ses activités au
sein du C-RA, il assume aussi la fonction de secrétaire général par
intérim de la municipalité depuis octobre 2003 et il est nommé le
27/07/2005 pour un laps de temps comme chargé de la gestion des affaires
de la commune de Seddouk pour la période qui intervient entre la
dissolution de l’ancienne assemblée jusqu’à l’élection de la nouvelle
assemblée.
Son parcours de militant de la solidarité entamé en 1998 comme trésorier
au sein de cette institution de bienfaisance est jalonné de succès, trois
ans, c’est-à-dire en 2001, il est élu président de ce comité poste qu’il
occupe à ce jour. “C’est en 1998 qu’un groupe de citoyens ont fait appel à
moi pour participer à la création d’un comité du C-RA. Comme l’initiative
est louable, j’ai intégré le groupe. Depuis j’ai découvert une seconde
famille, celle des démunis”, dira notre généreux bonhommes, rencontré en
marge d’une campagne de circoncision.
En effet, une opération de circoncision collective, a été organisée par le
C-RA de Seddouk le 30 octobre coïncidant avec le 27e jour de Ramadhan. “La
campagne de circoncision collective que nous organisons chaque 27e jour du
Ramadhan est devenue une tradition. Et cette année ce sont quinze enfants
démunis qui sont concernés, ils ont bénéficié d’une prise en charge totale
avec un en prime un trousseau pour chacun composé d’une tenue
vestimentaire et de jouets”, poursuit-il.Pendant cette journée mémorable,
la solidarité était de mise puisque des couffins ont été distribués aux
démunis. “Nous avons distribué aussi 200 couffins à des démunis, qui ont
des enfants et nous allons continuer sur notre élan jusqu’à la fin de ce
Ramadhan par une visite à l’hôpital durant la journée de l’Aïd”,
enchaîna-t-il.
Auparavant, c’est-à-dire à la rentrée scolaire, le comité de C-RA a pris
en charge les écoliers les démunis de toute la commune de Seddouk pour la
distribution des trousseaux scolaires. “Ce sont 384 élèves de parents
démunis des trois CEM et des 15 écoles primaires de la commune qui ont
bénéficié chacun d’un trousseau scolaire complet, comprenant une blouse et
un cartable de fournitures scolaires”, précisera notre interlocuteur.
Ayant l’habitude d’organiser des colonies de vacance et voulant s’assurer
une autonomie de l’encadrement, le mois de juillet passé, il a envoyé pour
une formation de secouristes, huit agents parmi ses bénévoles. “Cette
formation de secouriste est indispensable pour nos agents qui encadrent de
jeunes enfants lors des excursions, des colonies de vacances.”, souligna
Mr Bouda.
Notons aussi que le comité a ouvert une pharmacie que gère un technicien
de la santé depuis 2002. “Elle est approvisionnée en médicaments non
périmés, par les citoyens et les émigrés. Les médicaments sont délivrés
aux malades sur présentation d’une ordonnance médicale”, ajouta-t-il.
S’agissant des moyens dont dispose le comité, il possède un local à la
cité des 48 logts, un fourgon en panne. 17 bénévoles qui travaillent en
permanence et que renforcent des bénévoles occasionnels durant le mois de
Ramadhan. La municipalité a était tout le temps présente à ses côtés à
chaque fois qu’il y a nécessité, en plus des conventions d’argent, elle
met à sa disposition, notamment durant le mois de Ramadhan, un véhicule de
service, avons nous appris de son président. Concernant les ressources, ce
responsable, affirme qu’il y a une large adhésion de la population locale
et de notre communauté émigrée. “En plus des 200 000,00 DA que la
municipalité a accordé comme subvention pour le restaurant, grâce à la
solidarité des citoyens, que je remercie au passage, nous sommes arrivés à
satisfaire la demande”, témoigne-t-il. Cependant, il profite de l’occasion
pour lancer un appel aux âmes charitables qu’ils contribuent davantage.
“Je lance un appel aux citoyens qui ont les moyens d’apporter davantage
leur solidarité, ce qui va nous permettre d’étendre notre élan à d’autres
actions telles la prise en charge des malades, l’aménagement
d’infrastructures sociales et culturelles.”, Lança-t-il comme mot de la
fin.

seddouk, le 06/11/2005
L. Beddar

SON VILLAGE

SON VILLAGE

Son village, c’est ce qui reste à évoquer quant on a tout oublié.

Si loin, même si les conditions ne s’y prêtent guère, on a toujours envie d’y aller le visiter.

Le temps d’un laps séjour, pour se ressourcer, voir toutes les nouveautés et se reccuillir sur les tombes de ceux qui nous ont quitté.

Le premier jour de notre arrivée, même dans les ténèbres de la nuit.

Ce sont tous les membres de la famille, grands et petits, proches et lointains, qu’y affluaient.

Le lendemain, c’est au tour des voisins et amis qui parvenaient.

Profiter de ces si belles journées qu’on ne retrouve pas ailleurs.

Première sortie, premier tour d’horizon, les rues et les venelles du village.

Aller à la rencontre de toutes ces maisonnettes proprettes et ardentes, gardant encore un charme éblouissant.

Sortir dans les champs pour s’humecter le gosier d’eau minérale et limpide sortie des entrailles de la terre.

S’engouffrer dans des pinèdes pour humer l’air pur qui nous manquait.

Monter plus haut sur la montagne, dominer les vallées et contempler les splendides paysages

Voir toutes les roses sauvages et s’enivrer de leur parfum, de leurs agréables senteurs qui montent aux narines.

Quoi que l’on dise, quoi que l’on pense, son village, même s’il est laid, ne peut être perçu que comme le plus beau des villages du monde.

C’est pourquoi l’on considère que le globe tourne autour de lui.

L.BEDDAR

révolution d’ avril 1871 : Graves conséquences sur le foncier

révolution d’ avril 1871
Graves conséquences sur le foncier

La dépossession des fellahs par le système colonial a été répressive. Afin de s’ emparer au maximum des meilleures terres, et installer par voie de conséquence un grand nombre de colons européens sur de grands périmètres agricoles, il a eu recours à de nombreux moyens illégaux et répressifs contre les paysans dont l’ attachement aux terroirs était très profond.
Ainsi, le but recherché est bien clair, il s’ agit d’ une répression qui se veut exemplaire, dirigée contre les tribus qui sont ainsi spoliées de leurs terres, de leur unique moyen de subsistance. Au total, les quarante premières années de la conquête (1830-1870) se soldèrent pour les fellahs par la perte d’environ un million d’hectares dont la plus grande partie est située dans les riches plaines et terroirs. Mais, la spoliation des fellahs ne s’est concrétisée qu’après de longues de résistances des populations rurales et les luttes engagées contre les forces d’occupation n’ont pas été interrompues.
Les premières confiscations se sont limitées aux biens habous et biens beyliks qui sont utilisés auparavant par les turcs pour l’entretien des écoles, mosquées et établissements publics. Ces confiscations peu importantes ont permis l’installation des premiers colons. Très vite les expropriations s’étendent et touchent de nombreuses tribus. Soit par la séquestre ou par l’expropriation qui les avaient frappés, les paysans algériens se trouvaient en grande partie dessaisis de la propriété du sol sur lequel ils étaient installés séculairement Ces expropriations des tribus est la conséquence directe de l’extension et de la génération de la résistance qui s’est multipliée dans plusieurs régions du pays et celle menée par Cheik El Haddad et El Mokrani en 1871 est considérée comme étant le plus grand soulèvement qu’à connu la paysannerie algérienne, avant la grande révolution de novembre 1954.
Ainsi, au début d’avril de 1871, les mokrani d’Ath Abbas rencontrèrent dans leur medersa à Seddouk ceux de la confrérie de Mouhaned Améziane ben Cheik El Haddad. Après une semaine de discussions, ils parvinrent à un accord et les membres de la confrérie (les khouan) attendaient impatiemment l’ordre qui allait lancer dans le soulèvement l’ensemble des tribus de la Kabylie.
L’insurrection de Cheik El Haddad
Attendant le jour du marché, le samedi, en dépit de son age avancé (80 ans) et de sa santé fragile, Cheik El Haddad proclama le djihad sur la placette de Seddouk, dans la wilaya de Bejaia comme il a été convenu lors des différentes consultations avec les mokrani qui ont furent de même chez eux pour rassembler un grand nombre de guerrier.
Devant une assistance composée de plusieurs milliers de personnes, Cheik belhaddad, après avoir dirigé la prière publique du d’hor, soutenu par ses deux fils Aziz et m’hand, se fraya un chemin parmi l’assistance, se dégageant de ses fils et avança seul, il jeta sa canne par terre, se redressa face au soleil et exhorta la foule à combattre les oppresseurs. Plus de cent vingt milles combattants, représentant deux cent cinquante tribus se rallièrent vite à l’appel.
Les premières dépossessions des terres agricoles dans la région sont les causes qui ont motivé les masses populaires à se structurer derrière ce mouvement insurrectionnel populaire qui a rassemblé un grand nombre de tribus, embrasant ainsi de vastes régions du centre du pays, notamment la Kabylie dans son ensemble mettant sérieusement en péril tout le système colonial. La foi et la détermination des paysans à reconquérir leurs terres ont motivé les moudjahiddines à pourchasser et harceler les forces coloniales et leurs alliés durant plus d’une année. Mais la réponse par l’occupant français est des plus farouche, qui a mobilisé un arsenal militaire composé de plusieurs hommes, d’armes et de munitions. Cette offensive de l’ennemi a fait un carnage parmi les moudjahiddines, les villages de Seddouk d’ath abbas, fer de lance de la résistance, ont payé un lourd tribut. Chaque famille dénombre en son sein des morts des mutilés et certaines même des déportés, tandis que les deux héros ont été capturés et déportés en nouvelles calédoniens. La défaite des masses paysannes fut accompagnée de graves conséquences.
Châtiment
En effet, ces conséquences se sont traduites aussitôt par de violentes réactions contre les fellahs en zone rurales. En plus de la dépossession des meilleurs périmètres de leurs terres, ils étaient sujets à de nombreux châtiments exemplaires aux effets durables dans le temps et l’espace. Parmi ces châtiments, les sanctions les plus répressives furent celles qui imposent à la population de verser une très forte amende de guerre et la déportation d’un grand nombre de révoltés parmi eux les chefs de guerre Aziz Bel Haddad et Boumezrag El Mokrani vers une île du pacifique, la nouvelle Calédonie.
Cette déportation est l’une des pages sombres des premières années de l’histoire de l’Algérie colonisée.
Autre conséquences, plus de 500.000ha ont été séquestrés dans la région de Seddouk. Du piémont d’Achtoug jusqu’à l’oued Soummam, pour leurs soutient indéfectible à Cheik El Haddad dans sa lutte contre l’occupant français, les villageois ont subi les pires châtiments de l’administration coloniale qui les a spoliés des meilleurs terres. C’est ainsi qu’un administrateur colonial de la région rassembla les villageois sur la parcelle deTaklath, limite entre la plaine et les terres situées sur le relief montagneux, debout au milieu de celle-ci, se positionne le visage bien orienté vers la montagne d’Achtoug, les mains allongées et tendues horizontalement, décrète que les terres se trouvant derrière lui, c’est-à-dire sur la plaine et jusqu’à la limite de l’Oued Soummam sont séquestrées et versées au domaine public qui les a attribués aux colons. Ces villageois ont été appauvris et dépouillés de leurs meilleures terres et seules les terres des montagnes qui ne sont guère favorable aux cultures de rendement donc qui ne présentent aucun intérêt pour les colons, leurs ont été laissées. Cette situation a fait naître un dualisme entre deux secteurs. Le secteur moderne, détenu par les colons, composé des meilleures terres des plaines, fortement équipé en matériel moderne grâce aux financements accordés par les banques, réalise des rendements et des profits importants et la production y afférente est exportée vers la métropole.
Le secteur traditionnel pauvre, détenu par les paysans algériens ne bénéficie pas de crédits bancaires ou de toute forme d’aide d’où les rendements dégagés sont très faibles. Les parcelles situées en haute montagneuses au relief accidenté ne sont pas accessibles à la mécanisation et sont travaillées avec des moyens archaïques. C’est une agriculture de subsistance.

L.BEDDAR

14 juillet 2005

C’ est l’ été !

C’ est l’ été !

Après un hiver rigoureux, un printemps pour qui l’ hiver a grignoté quelques semaines et en voici arrivé l’ été de toutes les convoitises, vacances pour ceux qui peuvent se le permettre, mariages programmés depuis belles luettes, ici ou de l’ étranger pour notre communauté émigrée, organisations d’ excursions en mer et de tournois sportifs, etc.
Depuis la mi-juin le trafic sur la route nationale 74 devient de plus en plus dense. Les voitures immatriculées « 16 » sont les plus abondantes pour les nationaux résidents en algérie et de toutes les immatriculations des départements français pour nos émigrés qui reviennent en vacances dans leurs villages pour allier détentes, visites familiales et affaires (mariage, achat immobilier.).
Pour les jeunes, beaucoup attendent avec impatience ce retour des émigrés, synonyme de bonnes affaires pour ceux qui cherchent à s’ établir en France par le biais d’ un mariage mixte, devenu de nos jours une issue pour beaucoup de jeunes.
Mais dans nos villages, si certains jeunes ont la tête ailleurs, attendent avec impatience et angoisse la proclamation des résultats des examens scolaires, d’ autres ont tracé le premier sillon des excursions en mer ce vendredi.
Tôt le matin, sac au dos ou en bandoulière, une centaine de jeunes estivants attendaient à l’ arrêt principal de Tibouamouchine l’ arrivée du bus qu ‘ils ont loué pour un aller retour à raison de 100,00 da la place. Pour marquer leur passage et attirer l’attention des uns et des autres lorsqu ‘ils traversent une ville ou un village, souvent les têtes sorties des fenêtres, ils répètent les chansons en choeur et en polyphonie accompagnées des derboukas et des trompettes. A Tibouamouchine, de telles scènes sont monnaies courantes durant toute la saison estivale et se passent généralement les matinées, au départ des convois qui affluaient des villages fort nombreux de Beni ourtilane et de Béni maouche, et les après midi au retour et parfois tardivement dans la nuit.
Si le vendredi est sacré pour les excursions en mer, les autres jours de la semaine, les jeunes ne chôment pas du tout. Des tournois sportifs sont organisés ça et là et chaque après midi, les villages se vident de la frange juvénile. Dans les stades de fortune, par faute de tribunes, les jeunes suivent les rencontres en prenant place sous des arbres ombrageux formant un décor indescriptible. Les moins jeunes égayent les présents par des ambiances festives qui donnent un peu de piment aux matchs plaisants et très suivis.
Ce sont peut être des moments forts pour une jeunesse, qui en plus de la mal bouffe et de la mal vie, souvent en manque d’ emploi, elle s’ organise tant bien que mal pour oublier un tant soi peu, les affres de la vie du reste de l’ année, morose et monotone, en se créant des moments d’ évasion même avec la bourse vide. Le reste de la journée, ils déambulent sur les trottoirs en faisant des va et vient ou se détendent dans des placettes aux abords de la grande route pour voir plein les yeux toutes ces subtilités qui passent..

L.BEDDAR

05/7/2005

Nadir Belhaddad : Un chanteur au talent avéré

Nadir Belhaddad

Un chanteur au talent avéré

Belhaddad nadir, un nom qui fait vibrer les coeurs de milliers de jeunes et de moins jeunes, un nom aux sonorités rugueuses qui enflamment les foules.
Né un certain 30/06/1977 à Seddouk oufella, il a débuté dans la chanson dés son jeune âge et ce n’est qu’en 1997 qu’il a commencé à s’initier à la guitare. Auteur, compositeur et interprète de talent, sa première cassette de 6 chansons, sortie le 27/02/2003 chez les éditions gouraya dont une chanson a été consacrée à son idole, Lounis Ait Menguellat, intitulée « Ithri iguenouane ». Celle-ci a eu un grand retentissement chez le grand public qui a découvert en lui une relève digne de ce nom qui manquait tant pour la région.
Dés sa participation à un gala est annoncée, la nouvelle se propage de bouche à oreille à travers toutes les contrées limitrophes. Le soir venu, c’est la ruée vers le lieu du spectacle, a pied, en, moto ou en voiture. Le trajet en vaut la peine même si on a roulé des kilomètres. C’est ce qui a été constaté lors de la fête organisée par un particulier ce jeudi.
Égalà lui-même, sa montée sur scène se fait souvent avec envoûtement. Habillé d’ un jean et d’ une chemise au col ouvert, la main gauche tenant sa guitare et celle de droite levée pour saluer son public, il attaque aussitôt et l’ explosion de la foule s’ arrête brusquement pour entendre cette voix sublime suivie des fredons de la guitare et de la résonance assourdissante de la derbouka. Une fois ses chansons toutes chantées, il puise dans le riche et varié répertoire de son idole.
Ses fans constitués surtout de jeunes à l’ âge des fleurs et de déferlement des passions restaient suspendus pendant tout le temps de sa production sur scène, sans brancher, l’ oreille attentive pour capter les vers qui expriment simplement et admirablement la souffrance et le désespoir de cette frange juvénile avec qui, il partage le combat pour une Algérie prospère et démocratique.
L’ amour est présent dans l’oeuvre du chanteur avec deux chansons : « ayoul igavghane zhou » et « mazal ayahviv thirga ». Il a chanté aussi la mort dans « netskhilam almouth yetsaouine ». Et enfin, il a consacré deux chansons pour les événements douloureux de la Kabylie dans « lahna » et « ankaval ».

Cet artiste d’ une simplicité exemplaire, a pris une option pour monter plus haut sur le podium, grâce à son sérieux, sa voix bien raffinée et ses paroles bien mesurées.

L.BEDDAR
25/6/2005.

Merci à L. Beddar pour cette révélation qui vient à point nommé, notre région effectivement manque cruellement de jeunes talents susceptibles non seulement de prendre la relève mais aussi propulser la musique kabyle vers le sommet, notre devoir serait de les faire connaître et surtout de les aider. Pour ma part, je vous ferai un portrait détaillé de l’ artiste agrémenté de photos et de quelques extraits de son oeuvre dès mon retour du Bled.

Hamane