Colloque sur le voyageur Hocine Al-Wartilani

L’association GEHIMAB,     (Groupe d’Etude sur l’histoire des Mathématiques à Bougie Médiévale), en collaboration avec l’APC de Béni Wartilane et l’APC de Ain lagradj a organisé en fin de semaine dernière, un important colloque sur le voyageur Hocine Al Wartilani. D’illustres personnalités scientifiques, historiens et chercheurs étaient présents durant les deux jours du colloque.
Après  l’intervention du professeur Aissani, président de l’association GEHIMAB,  le colloque est déclaré ouvert et les conférences programmées pour la première session de la matinée  du mercredi se sont succédées.  
 Zine Dine Kacimi dans son intervention intitulée « Al-Wartilani sa vie et ces œuvres » Dira que l’auteur de la Rihla Al Wartilania (1713- 1779) est un célèbre voyageur né à Beni wartilane, il a entreprit  plusieurs voyages en Kabylie et en  moyen orient pour visiter ces Ulamas et durant les mois du Ramadan il s’installait à la ville de Bougie qui l’a fasciné, pour assurer des enseignements. De son côté Abdelkader Boubaya de l’université d’Oran dans son exposé sur le livre de Hocine               Al-Wartilani a conclu que l’auteur de la Rihla s’était basé durant ses voyages sur des références écrites, orales et sur le vécu des populations de l’époque.
 La deuxième session des conférences,  est présidée par Madame Tassadit Yacine, anthropologue spécialiste du monde berbère, enseignante chercheur à l’école des hautes études en sciences sociales de Paris. Le premier intervenant,  Abdelkader El-Khatir, chercheur sur la langue amazigh à l’université du Rabat au Maroc, dira : « La Rihla d’ Al-Wartilani avait joué un grand rôle dans la transmission du savoir dans le contexte culturel, social et scientifique ». La Rihla est un héritage berbéro- musulman et nous devons trouver la meilleure façon d’introduire les textes d’Al-Wartilani dans les livres de nos étudiants  dixit le professeur Mustapha Haddab de l’université d’Alger l’un des premiers chercheurs ayant travaillé sur Al-Wartilani.
A 15 heures une caravane constituée de six bus et de dizaines de voitures a sillonné la ville pour rejoindre les lieux saints de bougie et retracé de ce fait, le chemin entrepris par Al-Wartilani il y a plus de 240 ans.
Le premier lieu visité est Bir Slam,  un passage obligé autrefois pour tout voyageur à Béjaia,
Puis la caravane s’est rendue à l’arrière port pour voir le lieu de Sidi Abdelkader et Sidi Yahia, la zaouïa de Sidi Yahia  est  une petite battisse perchée sur un rocher et dont on nous dira qu’a cause des travaux miniers de l’époque coloniale la battisse avait subi des délabrements avancés. Ce lieu saint est considéré parmi les quatre lieux dans le monde où les prières sont exaucées, entre autres, une Zaouïa à Tlemcen, une autre à Annaba et une mosquée à Bagdad. Après le quatrième lieu visité, Sidi Ayoub, la caravane s’est dirigée vers Sidi Touati,  où, un a un, les participants ont visité la tombe du saint et  l’école qui comptait autrefois plus de 300 élèves.  
La Rihla a dû s’écourter à cause des pluies, le dernier point visité est Bordj Moussa où une importante exposition « Bejaia, centre de transmission et du savoir »  s’est tenue.
Le jeudi matin la caravane sous escorte a pris la route vers Beni Wartilane, berceau  de Hocine Al –Wartilani, à l’arrivée, Monsieur Abouchi Arezki , le Président de l’APC de Beni Wartilane, a remercié tout les visiteurs  et a déclaré que la commune est honorée par ces invités,  lors de  la visite de l’exposition de documents rares, collectés par une association, à l’école Bela Foudil, et à propos du livre « la Rihla d’ Al-Wartilani » retrouvé parmi les documents. Mr Abelhafid Amokrane, ancien ministre des affaires religieuses et ex -capitaine de la wilaya 3, venu d’Alger en cette occasion,  dira : «  Nuzhat al Andhar fi Fadhl Ilm At Tarikh Wal Akhbar  est  un ouvrage très volumineux, comportant plus de 850 pages, édité pour la première fois en 1908 par Mohamed Ben Cheneb,  un projet est en cours pour le rééditer en trois petits volumes » et en feuilletant le livre d’Ali Battache, il renchérit « maintenant je sais que l’Algérie et la jeunesse algérienne sont bien portantes ».
Après la visite de la tombe d’Al-Wartilani la caravane s’est dirigée vers Ain lagradj, au village de Tala Uzrar pour visiter la khizana de Lmuhub Ulahbib, une bibliothèque de manuscrits, considérée comme la plus riche bibliothèque privée du grand Maghreb au 19e siècle, elle comportait plus de 1000 ouvrages sur la philosophie, Al Fiqh, le droit, science de la nature, médecine et science de l’héritage. On a appris aussi que cette bibliothèque  avait été incendiée en 1957 par le colonisateur et il n’en reste que peu d’ouvrages sauvés par la famille Ulahbib.
« Je suis vraiment fascinée par cette bibliothèque et la richesse culturelle de la région » dira Sonia Dayan-Herzbrun professeur des universités, centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques de Paris.
Dans cette contrée où la nature a forgé les hommes comme elle a sculpté les reliefs et  devant tant de sites naturels, culturels, visités en ce jeudi 29 Mai, le plus grand des voyageurs ne peut que contempler, s’émerveiller et s’émouvoir,  et face à tout cela, le verbe ne peut que avouer son impuissance.
 
Ikhenache s