Azerzour, un chanteur infatigable

L’enfant de Seddouk toujours aussi dynamique

Né à Seddouk Oufella, le village mythique et historique de cheikh Belhaddad, le chanteur Azerzour, de son vrai nom Mohand Bouzerzour, monte encore sur scène à 65 ans. La taille mince, le visage osseux, ce retraité de l’enseignement, après 40 ans de service comme maître de français, a toujours du goût pour la chanson qu’il ne pense pas abandonner jusqu’à son dernier souffle.
Chose tout à fait vraie, du fait qu’il fasse encore résonner  les cordes de son mandole et fredonne des mélodies  avec sa voix lyrique,  chaude et aiguë devant des parterres de spectateurs, la plupart acquis de longue date à ce génie de la chanson qu’ils écoutent toute ouïe.  Chanteur infatigable, dont la réputation a gagné toute la Kabylie, à chaque gala, il rappelle le bon vieux temps, celui de  l’âge des roses et des déferlements des passions.
Il fait encore vibrer les masses en répondant au mieux à leurs attentes et goûts. Qui ne se souvient pas de ce nom qui fait palpiter les jeunes et les moins jeunes, celui d’un artiste qui joint l’utile à l’agréable et excelle dans son domaine. Au sommet d’une brillante carrière artistique, depuis les années 1970, il continue dans sa voie bien tracée, approfondit son art, affine sa technique.
Ne manquant ni  de persévérance ni de maturité, il fait varier ses thèmes et se révéle, vers le début des années 1980, comme un auteur, compositeur et interprète au talent avéré. Féru du grand Dahmane El-Harrachi, dont il ne s’empêche jamais d’interpréter certaines de ses chansons, il use d’une langue remarquable par sa pureté, sa richesse. Il est profondément attaché à la parole ancienne. Sur scène, il sait envoûter les foules, ce qui fait que quand un gala d’Azerzour est annoncé, c’est la ruée vers le lieu du spectacle. A pied, en moto ou en voiture, tous les moyens sont bons, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le trajet en vaut bien la peine et tout le monde veut aller le voir. Sa première cassette de six chansons, sortie en 1989, a été le fer de lance d’une deuxième cassette sortie en 1995.
Voulant céder le flambeau aux jeunes, il créa alors une chorale composée d’une dizaine d’enfants, qui interprète avec amour des chansons patriotiques.
Les potaches, encadrés par ce vieux briscard ont fait une percée dans l’art, en animant des galas de bienfaisance lors des fêtes scolaires ou des manifestations culturelles. La chorale sort un double album intitulé «Zirirou», mis en vente en Algérie et en France. Les événements du printemps noir de Kabylie ont mis en veilleuse la culture. Le chanteur rangea son mandole et s’éclipsa durant de longues  années.
Au grand bonheur de ses fans, il fit un retour  retentissant à la chanson, l’été 2008, en mettant en vente un CD de huit titres, dont la principale chanson est intitulée : Oulach snath (Il n’y en a pas deux). A travers cette chanson, l’auteur montre à quel point il est profondément attaché à la patrie, un signe non trompeur qui veut dire simplement et clairement qu’il n’a pas un autre pays de rechange.
Ce succès atteste une propension prononcée pour la perfection, de la part d’un chanteur qui veut toujours aller de l’avant. En reprenant ainsi  son bâton de pèlerin, il exauça les vœux de ses fans qui ne cessent de lui réclamer la réédition d’anciennes chansons, notamment la plus illustre : Throuh thaâzizth ournamzer. Il sort une compilation contenant dix de ses meilleures chansons, qui avaient eu un franc succès à ses débuts. Le tout est un véritable condensé de chef-d’œuvres sorti  en mars 2009 chez Melovisionet dont les CD et cassettes se vendent bien.
 

De notre bureau, L. Beddar