A la veille de la célébration du 60 ème anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954, je tiens ici à rendre spécialement hommage à Da Rachid Adjaoud pour son obstination à poursuivre son œuvre de pédagogie à travers les différentes conférences et rencontres auxquelles il prend part tout au long de l’année , mais surtout au travail de mémoire auquel il s’attèle dans le cadre de la
poursuite de l’écriture de ses témoignages sur la guerre d’indépendance.
Je l’ai rencontré il ya une semaine à Seddouk , chez lui dans un local spécialement aménagé en bureau, salon d’accueil mais aussi en salle d’exposition dans laquelle son accrochés de nombreux portraits de chouhada de la guerre de libération. Dans l’entretien que j’ai eu avec lui ,il m’a appris que son livre “Le dernier témoin” a non seulement été réédité par sa maison d’édition mais aussi traduit en arabe en raison de son succès rencontré auprès du public.. Quant à son deuxième livre, il est quasiment fin prêt, Da Rachid m’a indiqué qu’il manque juste la préface que le professeur Aissani de l’université de Bejaia aura l’honneur de rédiger.
J’ai’ eu bien sûr le privilège de feuilleter les quatre volumes du manuscrit de son prochain livre intitulé “La guerre de libération, Récits et témoignages” (photo).
Da Rachid consacre tout son temps -hormis les quelques rendez vous pour ses soins-
à la révolution, il est sollicité à la fois par les officiels mais aussi par des associations et des écoles, il a reconnu qu’il ya un déficit en terme de la connaissance de l’histoire de notre glorieuse révolution surtout des jeunes, la raison principale selon lui est du au fait que la majorité des moudjahidine ne sont pas lettrés et par conséquent éprouvent des difficultés à transmettre leurs témoignages hormis oralement, il s’estime dans ce cas privilégié.
Je ne peux clore mon propos sans relater le récit de Da Rachid à propos de la rencontre qu’il a eue avec la fille du Docteur Rachid Amrane , installé comme médecin à Seddouk en remplacement du Docteur Ferry, puis quitta la ville précipitamment sur ordre des autorités civiles et militaires pour la France, il garda depuis le silence jusqu’à sa mort.
Sa fille prit le silence de son père comme un soupçon de trahison à l’égard de la révolution et a décidé de revenir sur ses traces dans le but connaitre la vérité à propos de ce silence trop lourd à porter. Arrivée à Seddouk, elle a été dirigée vers Da Rachid qui lui a appris qu’il connaissait bien son père et les circonstances l’ayant conduit à quitter le pays précipitamment du jour au lendemain et qu’en plus , très jeune il était ami de la famille du docteur Amrane .En gage de preuve de cette amitié et connaissance, Da Rachid lui raconta un événement que sa mère, une française, ne pouvait pas oublier, la visite en sa compagnie du cirque Amar qui s’était produit pour la première fois à Bougie ( Bejaia aujourd’hui).Réconfortée par le témoignage de Da Rachid sur le rôle de son père pendant la guerre avant son départ définitif pour la France.
Il lui raconta que son père soignait les blessés dans les rangs des combattants de l’ALN , et à ce titre il a été dénoncé aux autorités coloniales par le chauffeur de taxi qui le conduisait dans ses missions à travers les douars.
Trois mois plus tard, la fille du Docteur Amrane revient à Seddouk en compagnie de son mari ainsi que de sa mère , s’en suit alors des émotions fortes quand Da Rachid les emmena au cimetière d’Akbou ou sont enterrés ses aïeux.
Moralité de l’histoire, Da Rachid a “réhabilité” un moudjahid et restitué son honeur aux yeux de sa famille mais surtout a reconcilié toute une famille avec non seulement l’histoire mais surtout avec sa patrie , l’Algerie.